Touchons du bois … de rose
Bois de rose. Trafic de bois de rose. Ces mots ont défrayé la chronique et soulevé la controverse au niveau de l’opinion en 2013. Lorsque le Président a déclaré, un vendredi soir, la guerre aux trafiquants de ce bois précieux, qu’est-ce que l’opinion nationale et internationale était ravie de ces propos annoncés fermement !
Deux années après, la tension a baissé. C’est comme la lutte contre le SIDA, à force de parler de SIDA, on n’en a plus peur. On vit avec. Le régime n’a jamais pu alpaguer les vrais cerveaux du trafic. Et même si le BIANCO a procédé à quelques grosses interpellations, comme dans l’affaire Bekasy, aucun procès n’a eu lieu faute d’arsenal juridique sur la question. Le vide juridique avait profité aux trafiquants.
Cependant, il a fallu faire le distingo entre les vrais opérateurs et les trafiquants. Les vrais opérateurs, à l’époque, exerçaient dans une certaine légalité (la loi n’avait pas encore interdit de manière formelle les exportations de bois de rose) et ils payaient les redevances et les taxes à l’Etat. Les trafiquants opéraient dans l’illégalité et ils continuaient, malgré l’adoption des textes qui interdisent, désormais, la coupe et l’exportation de bois de rose.
Le trafic de bois de rose se fait par des réseaux. Ils sont rivaux. Mais ces réseaux ont des membres à tous les check-point de la filière. Ces membres se protègent. Et ils sont liés quelles que soient leurs places dans le monde professionnel public ou privé. C’est-à-dire l’Etat lui-même. Cela concerne des ministères, des institutions, des départements de souveraineté et de sécurité. Cela concerne le département de la Justice. Il faut bien avoir ceci en tête : dans le trafic de bois de rose, on raisonne en millions d’euros et de dollars. Et les banques, notamment, d’envergure internationale sont de facto concernées… Sur la pression du CITES, lire les Etats-Unis, le procès sur des exportations de bois de rose de Madagascar, qui sera rouvert à Singapour, en sera la preuve. La question est de savoir si l’Etat va oser pousser le bouchon. Très loin.
