La signature du mémorandum d’accord entre le Ministère de l’Agriculture de l’Elevage et de la Pêche représentant l’Etat Malgache et la société Elite Agro LLC en vue d’exploiter 60.000 hectares de terrains dans le Bas Mangoky n’est pas passée inaperçue. Ces derniers jours, les politiciens et les détracteurs du régime ne s’en privent pas d’interpréter cette initiative comme une menace réelle aux paysans locaux. Et pour les défenseurs du régime actuel, il s’agit ici d’un nouveau départ pour le développement agricole, également pour réaliser l’autosuffisance alimentaire de Madagascar.
Certes, le problème n’est pas de connaitre la face visible d’une telle opération mais plutôt les conséquences que pourrait engendrer cette initiative. La nécessité d’une étude d’impact sérieuse en matière environnementale et en matière sociétale s’annonce incontournable. Les irrigations de ces 60.000 hectares de surface ne vont-elles pas handicaper les exploitants locaux et le voisinage ? Y aura-t-il des expropriations ? Y aura-t-il des investissements en infrastructures ? Des questions qui se posent et qui doivent être répondues avant que les exploitations puissent réellement démarrer.
Les spoliations de terres ont toujours été des sources de conflits majeurs dans ce pays. Daewoo logistics, Soamahamanina, … Des exemples sombres qui ont d’ailleurs engendré des affrontements voire la chute d’un régime. Et dire que ces investisseurs arabes vont exploiter ces terrains dans le but d’écouler leurs produits à Madagascar, cela semble incohérent avec le système capitaliste que cette compagnie adopte. Rappelons que ces investisseurs ne vont pas investir des millions d’USD pour la simple et unique raison de faire plaire aux 25 millions de Malgaches pour les nourrir. Une compagnie qui est là pour générer des profits, sauf s’il s’agit des investissements de bonne grâce ou des œuvres caritatives. C’est là que la situation géopolitique entre en jeu. N’oublions pas que si ces gros investisseurs internationaux en agro-business arrivent dans un pays, c’est pour faire nourrir en priorité son peuple.
Mais là, il appartient aux décideurs du pays de démontrer leur capacité de négociation. Ces investisseurs vont-ils mettre le paquet dans la réhabilitation ou la construction des irrigations en vue d’assurer une meilleure rationalisation de l’eau dans ces périmètres ? A noter que plusieurs projets d’infrastructures sont menés dans cette zone. Espérons que ces nouveaux venus vont élargir ces infrastructures et non pas les exploiter au détriment de la population malgache notamment les agriculteurs du pays, censés être le premier bénéficiaire direct de ces projets.
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