Un coup de Ravalomanana
Marc Ravalomanana est rentré au pays, à la surprise générale. En fait, il a préparé son coup : effet d’annonce samedi, indication de son lieu d’habitation qui est sa villa de Faravohitra. Hormis ses proches amis qui ont bien gardé le secret, personne à Madagascar ne semblait au courant. Les renseignements militaires ont parlé d’un retour avant le 25 octobre 2014. Ravalomanana a laissé entendre que des chancelleries sont derrière lui, comme celle des Etats-Unis, de la Norvège, de l’Union Européenne…
Jeu de poker ? Apparemment, aucune autorité n’était au courant de ce qui se tramait. Signe que les stratèges de Ravalomanana avaient fait preuve d’imagination. Et d’efficacité. On voit d’ici une série de limogeages. En tout cas, c’est un mauvais point pour le régime de Hery Rajaonarimampianina. Un moulin qui s’appelle Madagascar.
Il est vrai que Ravalomanana avait formulé la demande de pouvoir revenir au pays. Mais le régime actuel a refusé. Ravalomanana a donc tenté de forcer les événements : retour inopiné, discours et attitude provocateurs. Comme s’il attendait d’être interpellé. Tout simplement. Et le voilà, toujours victime, pour gagner la sympathie de l’opinion.
Le régime est obligé d’invoquer la sécurisation comme motif de l’interpellation. Pourquoi pas ? Cela se justifie, car les adversaires de Ravalomanana, dont ceux de l’AV7, ne vont pas rester les bras croisés.
Cela dit, les pays à cheval sur la démocratie et l’Etat de droit ne cautionneront donc jamais l’illégalité. La manoeuvre de Ravalomanana a dérangé les chancelleries qu’il a volontairement énumerées. Cela leur apprendra, d’ailleurs, à tenir un double langage au nom de la diplomatie.
Le problème n’est plus de savoir où il est. Il est Malgache, on ne peut plus l’expulser, encore moins l’exiler…
Hery Rajaonarimampianiana a hérité d’un dossier empoisonné. C’est Andry Rajoelina le vrai rival politique de Ravalomanana. Il a tout fait, par notam interposé, d’empêcher le retour au pays de Ravalomanana.
Pour le Président elu, c’est le moment de revenir aux principes de son discours d’investiture : la réconciliation et le rassemblement. Hier, a Faravohitra, on a vu des politiciens proches de Ratsiraka, de Zafy, parmi les membres du comité d’accueil. La politique ne connait pas le hasard.
