Point de vue : Un mot avant demain
Tout le monde attend la grande déclaration du Chef de l’Etat à l’occasion de la cérémonie de vœux du corps diplomatique et des corps constitués. Cette cérémonie aura lieu demain au Palais d’Etat d’Iavoloha. C’est ce qu’on appelle traditionnellement la grand-messe politique. Il a été inauguré par l’ancien Président Didier Ratsiraka, un peu en France ou dans d’autres pays du monde.
C’est l’occasion pour le Président de la République de rassembler tout le monde. D’inviter même l’opposition et les leaders d’opinion dans tous les secteurs d’activités : économiques, sociales, religieuses, culturelles. C’est l’occasion, pour lui, de partager sa vision de l’année qui va venir.
C’est le contenu. Le débat est ouvert sur le contenant. Le protocole, les dépenses, le nombre d’invités… Une frange de l’opinion souhaite moins de faste et de dépenses. Une autre frange salue encore le maintien de cette cérémonie de vœux qui répond à la mentalité malgache, respectueuse du concept « honneurs aux aînés, parents ou « Raiamandreny ». Et la Constitution veut que Hery Rajaonarimampianina, Président élu, représente ce « Raiamandreny », symbole de l’Unité Nationale et du Fihavanana.
Les presque trois années d’exercice du pouvoir du PRM n’ont pas été de tout repos. Il a fallu batailler sur plusieurs fronts et gérer des dossiers aussi chauds, pour ne citer que celui-ci : le retour au pays de Marc Ravalomanana. Devenu, finalement, un retour aux forceps, controversé. Et toujours houleux car faisant des vagues à n’en plus finir. Même maintenant. Que de rebondissements : remplacement du PM Kolo Roger et de certains ministres, nomination du Gal Jean Ravelonarivo, chef du gouvernement, ami et rotarien comme lui. Le PRM a procédé à de nombreuses nominations. Comme pour effacer les traces de la Transition. D’autant plus que ses relations avec Andry Rajoelina, ancien Président de la Transition, Président du MAPAR, sont tout sauf au beau fixe. Les remplacements ont touché tous les domaines sensibles, stratégiques, militaires. Il fallait également rassurer les partenaires techniques et financiers qui, pendant ces deux années, ont soufflé le chaud et le froid. Pendant deux années, aucune aide budgétaire significative, mais de nombreuses déclarations de soutien. A preuve, le Programme National de Développement ou PND fut revu et corrigé à plusieurs reprises. Le FMI avait fait un va-et-vient avant de décider un crédit de facilité rapide de 42 millions de dollars. Selon les observateurs avertis, c’est l’engagement américain en faveur des actions du nouveau régime marqué par le retour de l’AGOA qui fut le déclic majeur. Car on avait vu, pendant quelques mois, que la méfiance était encore de mise. Et les motions de destitution et de censure, même avortées, n’avaient pas donné une image de retour de la stabilité. La Communauté Internationale et les investisseurs en avaient pris bonne note.
Tout cela a obligé le PRM à aller vers les bailleurs de fonds. Il s’était déplacé en Europe, en Amérique, en Australie, en Afrique du Sud, en France, en Asie… Pour faire la promotion de Madagascar et de la vision du nouveau régime.
Fin décembre 2015. Tout rentre dans l’ordre. La confiance de la Communauté Internationale est là. Les élections importantes sont terminées : communales, municipales, sénatoriales… 2016 est une opportunité offerte pour la relance. Et ce, d’autant plus que l’opposition n’a pu produire un discours solide, capable de mettre en péril le régime qui, à ce jour, n’a qu’un adversaire : le problème social allant de la pauvreté extrême à l’énergie, en passant par les effets de la vérité de prix. Un adversaire de taille et imprévisible.
