Une autre hausse
La déclaration des membres d’un des syndicats des employés de la Jirama en début de semaine est sans aucun doute un ballon sonde, un genre de test pour savoir la réaction des gens si la Jirama se décide à augmenter ses tarifs. Comme rien ne se passait, la société nationale a franchi le Rubicon et sorti hier les communiqués informant les abonnés des changements des prix. Ils concernent pour le moment l’électricité.
La hausse est de l’ordre de 0 à 20%. Ceux qui ne dépassent pas la première tranche ne seront pas touchés mais doivent payer 9% en sus de l’ancien tarif s’ils dépassent le cap fatidique des 130KWh mensuels. Les plus gros changements concernent les moyenne et haute tension, c’est-à-dire ceux qui utilisent un courant de 380 V et plus. Autrement dit, les PMI-PME et les industries.
Il est de notoriété publique que la Jirama est dans une situation financière très difficile depuis un certain temps et survivait grâce aux subventions de l’Etat. Les bailleurs de fonds traditionnels ont demandé au gouvernement de les arrêter mais ont dû se raviser et ont promis même d’aider cette société nationale, vu le caractère stratégique et vital de ce secteur et le risque auquel s’expose le pays s’il se trouve que la Jirama soit en cessation de paiement et obligée d’arrêter son service.
La première solution, la seule pour le moment, est cette hausse des tarifs. Du moins, le problème est partagé. Mais en retour, les abonnés sont en droit de réclamer l’amélioration du service. Notamment la disparition des délestages. Des études ont été faites et elles ont montré que les abonnés sont prêts à subir la hausse du moment qu’ils puissent bénéficier d’un meilleur service.
Les conséquences de cette décision de la Jirama sur le plan social et économique sont encore un grand point d’interrogation. Mais il est inévitable qu’elle aura des répercussions sur toutes les chaînes de production et même sur les consommations des foyers. Il faut ainsi s’attendre à une hausse généralisée des prix et à une tentative des abonnés de réduire au minimum leur consommation. Moins de télé, de jeux vidéos… et moins de temps de passage dans les cybercafés qui devront, eux aussi augmenter leur tarif.
Mais la magie malgache devra également opérer. Il fut un temps où l’on craignait une diminution notable du nombre de voitures en circulation quand le prix de l’essence et du gas oil a flambé. Il n’en fut rien. Les embouteillages étaient toujours là et les gens partaient toujours en vacances, du moins pour ceux qui en ont l’habitude. Dans un premier temps, les abonnés feront attention, mais la routine quotidienne reprendra toujours le dessus. Alors, une autre hausse ???
