Une députée, une fouille, plusieurs leçons…
L’argent ne fait pas le bonheur. Et il n’a pas fait celui de la députée Lanto Rakotomanga. Elle avait, dans la malle de sa voiture, deux cartons remplis de liasses de billets de banque d’une valeur de 200 millions d’ariary. Dans une autre vie, quoi de plus normal ! C’est son argent en principe, elle peut en faire ce qu’elle veut. Mais nous sommes dans une chienne de vie politique, menée à la baguette par une motion de déchéance contre le Président de la République. On parlait même, à tort ou à raison, « d’achat » de voix, de corruption ou de pots-de-vin… Une enquête vient d’être ouverte par le CIS et la Police Nationale pour identifier les auteurs, les pourvoyeurs de fonds des troubles et d’atteinte à la sureté de l’Etat, a-t-on fait savoir de manière officielle, récemment.
Que dire de la fouille musclée dont a été victime Lanto Rakotomanga, députée du MAPAR 1, parti fondé par Andry Rajoelina que l’on sait particulièrement virulent contre le régime en place, dont particulièrement, le HVM, proche du Président de la République Hery Rajaonarimampianina ? Elle s’inscrit dans le cadre de cette enquête, fort probablement. On ne pouvait pas l’arrêter physiquement car l’Assemblée Nationale est en session ordinaire et ses membres bénéficient de l’impunité parlementaire, sauf en cas de flagrant délit… La chose la plus intéressante est la manière dont les policiers ont tracé cette députée. Affirmant, par la suite, que la députée avait tenté d’échapper à un contrôle de véhicule, la Police, apparemment, savait d’avance qu’elle transportait donc de l’argent dans sa voiture. Elle était bien renseignée. C’est sont travail d’infiltration (une ou des taupes ?) qui était à l’origine de cette action condamnée par les députés et qui ne va pas arranger les choses. Ni faciliter la tâche de ceux qui cherchent à trouver une solution par la voie des négociations et de la réconciliation.
Il est intéressant de savoir à quoi est destiné ce milliard. Et pourquoi cet argent fut « convoyé » hier. On ne fait pas du shopping avec un milliard, on fait des affaires. On comprend la colère des députés. MAPAR ou autres. Car cet incident a montré qu’ils ne sont pas à l’abri d’une action de cet acabit. Les uns interprètent cette fouille comme un acte d’intimidation. Car d’autres enjeux se profilent à l’horizon, comme la motion de censure en cas d’échec de la motion de déchéance.
Mais au-delà de tout cela, le régime montre qu’il est aux abois. Il sévit contre quelques médias privés, très engagés politiquement dans l’opposition. Et c’est un signe de fébrilité, de manque de confiance et de sérénité. Ratsiraka et Ravalomanana ont tâté ce terrain, à leur époque. Bien mal leur avait pris. En tout cas, le grave incident d’avant-hier soir a levé un pas des coulisses de la haute politique. Et l’opinion est aux premières loges. On espère que le spectacle continue… Restez, il y a quelque chose à voir ! Les choses ne vont pas en rester là. Sûrement.
