Une fête assourdissante… et puante
Trop, c’est trop. La Commune Urbaine d’Antananarivo ainsi que certaines autorités militaires ont bon sorti un arrêté interdisant les pétards et autres feux d’artifice, habituels aux alentours de la célébration de la fête nationale. Mais cela n’a pas empêché les explosions violentes et angoissantes dans les quartiers de la capitale. Elles étaient tellement fortes qu’elles ressemblaient parfois aux crépitements d’une rafale de mitraillette. Au beau milieu de la nuit, on a du mal à distinguer la déflagration d’un pétard et un coup de feu tiré par un malfaiteur.
Qu’on le veuille ou non, cet état de fait traduit tout d’abord le laxisme des autorités et ensuite, l’incivisme des gens. Il y a quelques jours, du côté d’Andrefan’Ambohijanahary, les témoins d’une attaque à main armée avaient confondu les détonations qu’ils avaient entendues avec celles des pétards que se lancaient des enfants qui jouaient à proximité. Une confusion qui a attardé l’intervention des forces de l’ordre, arrivées trop tard sur les lieux. La victime avait été delestée d’une importante sommed’argent et un de ses proches aurait été blessé gravement. La tournure qu’avait prise la situation aurait été toute autre si les policiers ont été avertis à temps dans la mesure où les brigands étaient restés un bon moment sur les lieux de l’attaque.
A la suite de nombreuses plaintes qu’il avait reçues, à cause de la nuisance des pétards, le président d’un fokontany a répondu à ses plaignants qu’il ne disposait pas de l’autorité nécessaire pour empêcher certains de ses administrés à se livrer à leur passe-temps favori. Le mieux, a-t-il avancé, est d’avertir les responsables de la Commune pour qu’ils envoient des policiers interpeller les vendeurs de pétards transgressant l’arrêté sorti par la municipalité. Eh oui.
Pourquoi, effectivement, la Commune ne sévit-elle pas alors qu’elle a à sa disposition une force habilitée à poursuivre les contrevenants ? Pourquoi ne saisit-elle pas ces produits interdits mais qui sont en vente libre sur les marchés de la capitale ? De qui a-t-on peur ? Ne sommes-nous pas dans un état de droit où l’on ne doit pas tolérer la transgression de la loi ?
Mine de rien, c’est l’Etat qui s’affaiblit lui-même en se laissant faire pour une question aussi minime. Et comme les petites rivières font les grands fleuves, pourrait-on s’étonner si l’indiscipline, véritable fléau de la société malgache actuelle, prend des proportions énormes actuellement ? Rien qu’à voir l’état de l’Avenue de l’Indépendance après les festivités, avec toutes ces immodices et la puanteur, l’on est en droit de se demander si le pays est encore gouverné.
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