La réouverture progressive des frontières est attendue depuis longtemps. Aina Raveloson, présidente du conseil d’administration de la confédération du tourisme de Madagascar (CTM) a accordé une interview exclusive à la rédaction.
– Ma-LAZA : En tant que présidente de la Confédération du tourisme de Madagascar, que pensez-vous de la réouverture progressive des frontières décidée en conseil des ministres du 13 octobre dernier ?
– Aina Raveloson: La Confédération du Tourisme est très heureuse de cette décision. Depuis plus d’un an, nous avons demandé cette réouverture des frontières. Le plus dur durant cette crise a été le manque de visibilité, le fait que nous n’avions pas de date de reprise annoncée afin que les opérateurs puissent se préparer. Plus de 80% des employés ont été mis au chômage technique et de très nombreuses entreprises ont contracté des crédits pour survivre en termes de trésorerie, de maintien à flot de l’entreprise. Aujourd’hui, la trésorerie des entreprises n’est même pas à zéro, elle est négative ! Avec cette réouverture, les opérateurs ont besoin de se remettre sur les rails pour faire face aux nouvelles demandes qui vont arriver.
-Ma-LAZA : Quel a été le manque à gagner durant la crise sanitaire ?
-Aina Raveloson: Le manque à gagner durant ces 19 mois d’inactivité pour la plupart des opérateurs touristiques est évalué à 800 millions d’euros environ. Nous nous sommes entretenus avec le ministère des finances, la direction générale des impôts et les autres ministères pour trouver des allégements possibles sur les charges fiscales dues l’année dernière et cette année, jusqu’à la réouverture des frontières.
-Ma-LAZA:Quelle stratégie a la CTM pour attirer de nouveau les touristes ?
-Aina Raveloson: La réouverture des frontières, prévue dans les prochaines semaines, ne signifie pas pour autant que les touristes vont aussitôt affluer à Madagascar ! Dans le secteur, on estime en général qu’il faut environ six mois pour reprendre un flux normal. Il faut préparer la clientèle, les partenaires, les tours opérateurs, les agences de voyage à l’étranger pour qu’ils puissent de nouveau programmer la destination. Dans le cadre de la stratégie de relance, que nous avions préparée au niveau de la CTM et pour laquelle on avait discuté avec plusieurs ministères, nous prévoyons plusieurs axes en termes de promotion de la destination, de professionnalisation des métiers et du secteur, de développement de produits et tout un volet d’accompagnements aux entreprises pour qu’elles puissent se relever de cette crise.
-Ma-LAZA: Bien que cela ne soit pas de votre ressort, auriez-vous un mot à dire par rapport à la situation d’Air Madagascar ?
-Aina Raveloson : Effectivement, ce n’est pas de notre ressort puisque nous sommes plutôt clients de la compagnie nationale. Ce que je peux dire c’est que nous sommes inquiets de la situation que traversent la compagnie nationale et sa filiale Tsaradia. Lorsque les touristes arrivent, ils devront prendre des vols domestiques. Nous nous réjouissons que le président de la République souhaite remettre à niveau la compagnie et à concéder de nouveaux efforts. Pour le secteur, la compagnie Tsaradia est cruciale et essentielle pour la bonne marche des activités.
-Ma-LAZA : Auriez-vous un message particulier à adresser aux touristes, à la population ainsi qu’à l’Etat ?
-Aina Raveloson: Le secteur s’est préparé depuis des mois à accueillir à nouveau les touristes, les voyageurs qu’ils soient professionnels, ou touristes. Nous avons mis en place des formations en protocole sanitaire. Plus de 5000 personnes ont été formées. Nous avons déployé la vaccination au sein des entreprises touristiques afin que les salariés puissent être protégés et rassurer ainsi les voyageurs que nous sommes disposés à les accueillir.
Notre message à la population est que l’ouverture des frontières et la reprise des échanges / des voyages ne bénéficient pas seulement au secteur tourisme, mais également à l’économie en général et à l’emploi. C’est un secteur qui fait vivre plus d’un million de personnes au pays, avec des emplois indirects.
Enfin, nous voulons remercier le gouvernement pour leur écoute et pour cette décision. Nous espérons continuer à collaborer pour la relance économique.
Propos recueillis par Claudia R.
