Pour les entreprises et des centaines de milliers d’employés directement impactés, la situation est critique. Bien que le secteur privé se réjouisse d’avoir eu un dialogue de haut niveau avec l’Etat, il déplore que les mesures proposées s’articulent davantage sur la relance… plutôt qu’à un soutien immédiat en cette période de crise sanitaire qui n’a pas encore atteint son pic.
Le secteur privé est à l’agonie. « Il s’apparente à un malade alité, sans sérum, à qui l’on donne l’espoir de se relever prochainement ». C’est l’image donné hier par Andrianavalomanana Razafia-
rison, président du Groupement du Patronat Malagasy FIVMPAMA (Fivondronan’ny Mpandraharaha Malagasy) pour traduire la situation actuelle du secteur privé. « Ce qu’il faut, ce sont des mesures d’urgence, comme une perfusion qui permettra de maintenir les entreprises en vie » a-t-il déclaré devant la presse à la Chambre de Commerce et d’Industrie à Antaninarenina. Il faudra également soutenir les employés qui sont confrontés à des difficultés majeures en raison de l’arrêt ou de la baisse des activités des entreprises se traduisant par un chômage technique ou une rémunération partielle. « Comment faire vivre une famille avec un demi-salaire ? » se désole-t-il.
« Le Ministère de l’Economie et des Finances a indiqué que ce n’est pas dans la démarche des autorités d’octroyer des subventions aux sociétés et aux employés impactés », a rapporté Thierry Rajaona, président du Groupement des Entreprises de Madagascar (GEM). Le grand argentier a effectivement indiqué que l’Etat ne dispose pas de tels moyens. « A qui donner et à qui ne pas donner ? », a ajouté Richard Randriamandrato à l’issue de la rencontre du 17 Juin dernier.
Sans un prompt soutien aux entreprises et aux employés, comme le font de nombreux pays, la relance sera difficile car les acteurs économiques, qui constituent les piliers, ne seront plus au rendez-vous…
Par ailleurs, «il est temps de payer les entreprises privées qui ont réalisé des travaux pour l’Etat. Les impayés se chiffrent à des centaines de milliards d’Ariary », révèle le président du GEM.
Thierry Rajaona, président du GEM, n’a pas manqué de préciser qu’il y a un décalage certain entre les propositions du gouvernement et les attentes du secteur privé. « Il y a eu peu de nouveauté lors de la rencontre de mercredi dernier entre l’Etat et les représentants du secteur privé. Les mesures proposées dans le plan multisectoriel d’urgence comprennent le rééchelonnement des échéances fiscales et sociales. Il s’agit juste d’un report au 15 Août. Mais nous aurons tous des difficultés pour payer ». Dès que les activités reprendront leur cours normal, nous subiront certainement des contrôles fiscaux, craignent certains chefs d’entreprise.
Par ailleurs, des entreprises qui ont suspendu leurs activités continuent à recevoir les factures de la Jirama. Aucune recette mais les charges sont toujours là…
En dépit de l’écart entre les propositions du gouvernement et les attentes des opérateurs économiques, le secteur privé estime qu’il y a eu une écoute et espère que des améliorations seront apportées aux mesures annoncées. « Le secteur privé est d’ailleurs disposé à poursuivre le dialogue », selon les précisions de Fanja Razakaboana, présidente du Groupement des Femmes Entrepreneures de Madagascar (FEM).
Claudia R .
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