Syndicat des Industries de Madagascar : La LFR est-elle nécessaire ?
A quatre mois de la fin d’année 2015, la Loi de Finances Rectificative n’est toujours pas soumise à l’examen du Parlement. A quoi bon adopter une LFR à cette période de l’année ? se demandent bon nombre d’observateurs. Le Syndicat des Industries de Madagascar abonde dans ce sens, surtout que des dispositions du projet de la LFR 2015 ont des conséquences néfastes, voire désastreuses sur les industries malgaches et, partant, sur l’économie du pays.
Le Projet de Loi de Finances 2015 devra être présenté au Parlement dans la première quinzaine du mois du Septembre, à en croire les propos de Fredy Rajaonera, président du SIM, qui s’est entretenu récemment avec le Président de la République. Le secteur privé aurait été heureux de donner à cette LFR un équilibre entre les intérêts de l’Etat et les intérêts du privé. Plutôt que d’adopter la LFR, il est préférable, toujours de l’avis du président de SIM, de bien préparer la Loi de Finances 2016. Le projet de LFR 2015 favorise les produits importés et prévoit, entre autres, un doublement des accises sur une catégorie de produits transformés et produits par des industries malgaches, ou encore un alignement des droits d’accises des produits finis importés aux produits nationaux fabriqués localement. Les industries de boissons hygiéniques, comme la STAR ou encore VITALO, entre autres, en seront victimes, ou encore l’industrie du tabac comme Imperial Tobacco.
Outre la LFR, le président du SIM a livré son point de vue sur le problème énergétique qui mine le secteur de l’industrie.
Problème énergétique
Les industries sont en difficulté et ne peuvent avoir une production planifiée compte tenu des problèmes d’approvisionnement en électricité. Des efforts sont concédés, certes, au niveau de la Jirama pour communiquer au public les horaires des délestages quotidiens. Mais du point de vue de gestion, cela n’arrange pas grand-chose. A quoi bon connaître le jour et l’heure auxquels le courant va être coupé ? Il faudrait plutôt un planning hebdomadaire de délestage à chaque début de semaine en vue d’une meilleure planification… Pour les entreprises de transformation de plastique, où il est primordial de chauffer les machines, les coupures intempestives d’électricité engendrent de gros problèmes et des surcoûts faramineux.
De nombreuses dispositions sont entreprises par la Jirama pour trouver des solutions à la production énergétique, mais la procédure administrative est complexe et longue. Le SIM estime que la procédure administrative doit être allégée en cas d’urgence avérée, comme c’est le cas actuellement. Une coordination transparente et efficace auprès des acteurs étatiques est requise. L’Etat devra, par ailleurs, trouver des solutions rapides pour pallier à la prochaine période d’étiage et donner une vision à moyen terme de la production d’énergie
Lutte contre la concurrence déloyale
Le Syndicat des Industries de Madagascar poursuit sa lutte contre la concurrence déloyale. Outre l’entrée massive des produits importés, qui nuisent aux produits locaux, Fredy Rajaonera fait part d’un autre problème, l’entrée des bonbons et chewing-gum contenant de la drogue sur le territoire. « Cela constitue un danger réel, selon ses dires, mais le SIM ne peut pas se substituer à l’Etat pour entreprendre les mesures y afférentes ».
Code de l’Industrie, dialogue public-privé
Un des leitmotivs du mandat 2015-2017 de la présidence du SIM est la mise en place du Code de l’Industrie. Un cabinet a été recruté pour l’élaboration du Code de l’industrie. La première ébauche serait présentée en Octobre 2015 si la version finale, selon les prévisions, était présentée en 2016. La Fondation Friedrich Ebert Stiftung apporte son soutien à l’élaboration dudit Code.
Le SIM se prépare pour la rentrée économique. Le secteur privé a d’ailleurs toujours été présent, prêt à contribuer au redécollage de l’économie. Le dialogue public-privé existe bel et bien, et le SIM souhaiterait un suivi plus appuyé de l’Etat. Le secteur privé est une force de proposition. Parfois, ses propositions sont retenues et d’autres fois, elles ne le sont pas. Des réunions se tiennent régulièrement, cependant, la semence n’a pas encore apporté la moisson escomptée.
C.R
