La pandémie de Covid-19 a montré l’importance de la bonne gouvernance et de la lutte contre la corruption a indiqué hier la Transparency-International Initiative Madagascar. Elle estime que la gestion de l’état d’urgence sanitaire a été marquée par un tâtonnement au niveau juridique, traduisant des failles au niveau de la gouvernance. Afin de renforcer sa quête de transparence dans le contexte de la covid-19, cette association a mené un projet de recherche et de plaidoyer relatif à la crise sanitaire actuelle, intitulé « Covid-19 et gouvernance : les leçons apprises de la première phase de la crise sanitaire à Madagascar », s’étalant sur quatre mois depuis octobre 2020.« L’absence de mise en œuvre du Plan Multisectoriel d’Urgence démontre les capacités limitées du pouvoir exécutif » poursuit TI-IM. Par ailleurs, la répartition budgétaire du PMDU souligne la difficulté des dirigeants à hiérarchiser les priorités en période d’urgence sanitaire. L’analyse de la répartition budgétaire du PMDU montre que sur un budget total de 826,09 millions USD, 35% sont alloués aux infrastructures. 25% du budget total sont destinés à l’appui transversal au secteur privé. Les mesures d’urgences sociales (Vatsy Tsinjo, Tsena Mora et Tosika Fameno) représentent 16.47% du budget total. La santé est financée à hauteur de 9.37% du budget global, se retrouve en quatrième position dans la répartition budgétaire (PMDU, 2020). « Ce qui interpelle, d’une part, sur la pertinence du choix de priorisation face à l’urgence des actions de lutte contre la pandémie sur terrain ; d’autre part, sur l’impact de la majorité des investissements en termes d’infrastructures sur la croissance post-crise ». De surcroît, certains marchés attribués ne sont pas liés directement à la lutte contre la pandémie, alors qu’ils sont répertoriés dans la liste des marchés de gestion Covid-19.
Les pouvoirs publics ont renforcé leurs interventions pour lutter contre la pandémie et donner des moyens de survie économique aux individus et aux entreprises. Ce rôle élargi est crucial mais il accroît aussi les risques de corruption. Les recommandations émises par la TI-IM sont diverses : allier les réponses sanitaires et économiques d’une manière inclusive et dans une perspective de durabilité, améliorer la gouvernance et l’intégrité et prévenir les risques de corruption liés à la Covid-19, assurer l’opérationnalisation du Fonds Covid-19 et établir un cadre juridique approprié. Il importe aussi d’assurer l’accès des citoyens à l’information publique en adoptant le projet de loi y afférent et d’assurer la protection des lanceurs d’alerte, piliers de la transparence, de la lutte contre la corruption et les malversations en tous genres.
Recueillis par C.R
