Transport aérien : La compagnie Air Madagascar handicapée par les difficultés financières
La compagnie nationale Air Madagascar n’est toujours pas sortie des zones de turbulence. Un plan de redressement a été mis en place dont les grandes lignes ont été dévoilées hier par le Directeur Général Gilles Filiatreault à l’endroit des employés d’une part, et des membres de la presse d’autre part. Il faut entre autres, réduire les coûts.
Il faut s’assurer qu’Air Madagascar continue à voler, à opérer a indiqué hier à la presse Gilles Filiatreault, Directeur Général d’Air Madagascar. «Avec le manque de financement, de liquidité on est un peu comme un chat qui tourne après sa queue. Nous allons à droite on nous demande l’argent, nous tournons à gauche on nous demande de l’argent. Toutes les semaines on fait face à des menaces de retrait de service. On doit se battre, on a un choix à faire et c’est là le gros dilemme de tous les jours».
Un des problèmes importants auquel Air Madagascar fait face c’est le fait que les passagers dans l’ensemble du réseau bénéficient d’une réduction d’environ 47%. La compagnie aérienne ne récolte ainsi que 53% du tarif économique alors que la norme dans l’industrie aérienne avoisine les 65%. L’écart de 12 points représente un manque à gagner d’environ 17 à 19 millions USD. Pour améliorer le rendement, un meilleur contrôle du nombre de siège à louer par classe tarifaire est requis. A Madagascar, le passager a un profil «low coast»
Airbus non rentable
L’exploitation des Airbus de la compagnie coûte chère. Les dirigeants de la compagnie ont dû voir de près la rentabilité de l’ Air Bus pour la desserte Asie et France jusqu’au mois de Décembre dernier et il s’est avéré que les pertes s’élèvent à 18 millions USD dont 7 pour Asie et 11 pour l’Europe. «C’est pour cela que l’on a pris la décision de suspendre pour l’Asie à compter de Janvier». Air Madagascar a entrepris des dialogues avec Air Austral pour voir la possibilité de démarrer une ligne Tana Réunion Guangzhou le plus rapidement possible. Une fois que l’accord est conclu, il faut attendre une période de 5 à 6 mois avant son effectivité. Des pourparlers avec un transporteur chinois important sont également en vue afin d’établir une entente commerciale avec ce transporteur qui va prendre la responsabilité de distribuer les produits d’Air Madagascar en Chine.
Pour le vol vers l’Afrique du Sud, les pertes de la compagnie nationale sont estimées 2 millions Usd par an en raison du faible volume de passagers. Des discussions avec des transporteurs Sud Africains ont également été évoquées.
Partenaires commerciaux
Le Directeur Général d’Air Madagascar a indiqué qu’il est important de rechercher des partenaires commerciaux le plus rapidement possible. Depuis qu’il est à la tête de la compagnie nationale, quatre réunions avec Air France ont eu lieu, dont une la semaine dernière. «Il y a un fort intérêt de rapprochement entre les deux transporteurs».
Selon ses dires, Air Madagascar n’est pas contre les alliances, mais il faut que ces alliances soient équilibrées. «Nous voulons garder le contrôle des activités et des services au sein de la compagnie». Pour ce qui est du marché domestique, c’est le seul à apporter une contribution positive selon ses dires et la compagnie fait tout son possible pour protéger ce marché. «Toute attaque sous quelque forme que ce soit va influencer sur la santé financière d’Air Madagascar et cela on ne peut pas le permettre».
Privatisation et réduction du personnel
Dans le cadre du plan de privatisation de la compagnie, il y a des groupes qui ont déjà manifesté leur intérêt. Il y a des fonctions qui doivent être négociées. Gilles Filiatreault estime que l’Etat veut quand même rester majoritaire. «Je ne crois pas que vendre Air Madagascar à 100% va arriver».
Si Air Madagascar dispose d’une flotte composée de 7 appareils, 1400 employés sont recensés au sein de la compagnie. «Un surplus de poste a été détecté» et il s’ensuivra une révision des postes, une réaffectation à l’interne. Il n’est pas question de toucher ceux qui sont en CDI, mais des CDD et des intérimaires devront partir.
A noter que juste avant cette rencontre avec la presse, le DG d’Air Madagascar a également rencontré les personnels de la compagnie pour leur présenter ces différents éléments majeurs du plan de redressement.
C.R
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