«Penser équitablement, bâtir intelligemment et innover pour le changement». Tel est le thème de la Journée internationale de la Femme, célébrée ce jour. Femme pleinement engagée et assurant un poste de décision ô combien important, Violette Kakyomya, Coordonnateur Résident du Système des Nations Unies à Madagascar a bien voulu répondre à nos questions à l’occasion de cette journée.
Ma-LAZA: Madame le Coordonnateur Résident du Système des Nations-Unies, vous occupez depuis trois ans ce poste à Madagascar. Pouvez-vous nous retracer brièvement votre parcours et nous faire part de votre principal défi?
Violette Kakyomya : Cela va faire trois ans la semaine prochaine que je suis à Madagascar. Aux Nations Unies, j’ai fait carrière depuis le niveau le plus bas jusque là où je suis. J’ai assumé le poste de chef de programme, de chef des unités. J’ai travaillé dans dix pays. La plupart de ma carrière était au PNUD mais j’ai aussi passé quelques années au FNUAP. Avant les Nations-Unies, j’avais travaillé dans mon pays, l’Ouganda, avec les ONG, toujours dans le domaine du développement.
Permettre aux femmes de faire carrière jusqu’au plus au niveau est un défi.
Lorsqu’on arrive à un poste comme le mien ou dans tout autre poste de prise de décision, les défis sont de combiner vie familiale et vie professionnelle et faire carrière. Pour avancer dans ma carrière, il faut travailler plus de 8 heures par jour tout en élevant mes enfants, m’assurer que tout va bien dans mon foyer…
Ma-LAZA: Comment percevez-vous la participation de la femme en Afrique en général et à Madagascar en particulier?
Violette Kakyomya: Des avancées sont constatées. Dans des pays comme l’Éthiopie ou le Rwanda, on commence à avoir des parités au niveau du gouvernement, l’assemblée nationale et les autres institutions. A Madagascar, nous avons six femmes Ministres. Nous devons nous féliciter puisque ce sont des femmes qui occupent des postes importants et nous sommes persuadés qu’elles feront un bon travail. Mais il y a encore beaucoup à faire. Chez les parlementaires dont le mandat a pris fin, les femmes ont été peu représentées. Nous espérons qu’avec les élections législatives, nous aurons davantage de femmes.
Parmi les améliorations constatées, nous pouvons citer l’adoption de la loi sur la nationalité qui permet aux femmes de transmettre la nationalité Malagasy aux enfants. Il en est de même de l’accès au service de santé à travers la loi sur la santé de la reproduction ou encore de l’amélioration de l’inscription des femmes sur la liste électorale. Avant la dernière révision, 4.500.000 femmes inscrites ont été recensées sur presque 10.000.000 d’électeurs. Les améliorations doivent se faire partout dans le monde et pas seulement en Afrique.
Ma-LAZA: Quel est le message que vous souhaitez transmettre à l’occasion de cette Journée internationale de la femme ?
Violette Kakyomya: Je voudrai mettre l’accent sur trois recommandations. Je voudrai lancer un appel à l’augmentation d’effectif des femmes dans les postes de décision, c’est fondamental. Cela ne devrait pas se limiter au gouvernement, mais s’étendre au niveau régional. Les gouverneurs qui vont être nommés doivent en être conscients, les chefs d’institution également. On ne peut pas atteindre les 17 Objectifs de Développement Durable si on laisse une moitié de la population derrière. Il faudrait également augmenter la participation des femmes dans les secteurs clés si elles sont généralement dans des secteurs où les femmes se contentent de travailler de manière traditionnelle. Nous voulons avoir plus de femmes dans le domaine de la recherche, plus de femmes docteurs, ingénieurs et dans les nouvelles technologies… Durant ces trois années à Madagascar, j’ai eu l’occasion de rencontrer des femmes dans des organisations féminines (politique, monde des affaires, juristes…), des femmes engagées. Je lance un appel aux partenaires du développement, au gouvernement à les appuyer pour qu’elles en fassent plus.
Ma-LAZA: Depuis le 1er Janvier 2019, une réforme est instaurée au niveau du Système des Nations Unies à travers le rôle du Coordonnateur Résident. Pouvez-vous nous en parler davantage?
Violette Kakyomya: La réforme instaurée est certainement la plus ambitieuse des réformes que notre organisation ait connues depuis des années. Le Secrétaire Général actuel a remarqué que l’agenda 2030 pour les ODD est un agenda très ambitieux. Il importe de redoubler d’efforts pour s’assurer que chaque pays y arrive en tenant compte des priorisations. Cet agenda permet à chaque pays d’identifier les cibles et les indicateurs.
Depuis Mars 2016, j’assume à la fois les fonctions de Représentante du PNUD et Coordonnateur du Système des Nations Unies à Madagascar. Depuis le 1er Janvier, le Secrétaire Général m’a nommée de nouveau pour être son Représentant à Madagascar et chef d’équipe des Nations Unies.
Pour les redevabilités du Système des Nations Unies, il faut un coordonnateur résident qui n’assume pas les fonctions de chef d’agence mais qui assume à plein temps le rôle de chef d’équipe et qui est l’interlocuteur du gouvernement, de l’Etat, pour faire constamment le suivi des progrès vers les 17 objectifs. Je joue ainsi le rôle de chef d’équipe aux côtés des différents chefs d’agence.
Ma-LAZA: Quel serait votre mot de la fin?
Violette Kakyomya : Nous sommes une grande équipe avec presque 1000 fonctionnaires des Nations Unies à Madagascar dans différents domaines.
Nous travaillons pour nous assurer que Madagascar avance bien vers les ODD. J’espère que dans ce rôle que je viens d’assumer cette année, je vais vraiment contribuer au progrès de Madagascar vers ces Objectifs de Développement Durable.
Propos recueillis par Claudia R.
Imprimer
