Le contexte sanitaire actuel est grave. Pas un seul jour ne se passe sans qu’il y ait des nouveaux cas de contamination et de décès. Les uns soutiennent qu’un strict respect des gestes barrières permettra de réduire les risques de contamination si d’autres estiment que le retour au confinement est l’unique solution.
“Nous faisons actuellement face à la deuxième vague du coronavirus et à la première vague du variant sud-africain, plus grave et plus dévastatrice » se désole Jerisoa Ralibera, président du Syndicat des Infirmiers et Sages-Femmes de Madagascar SISFM. Il estime que le pic sera atteint au cours de ce mois d’avril pour Antananarivo, s’il est déjà atteint à Mahajanga et Nosy-Be. Selon lui, les décisions de l’Etat sont trop tardives ou ne correspondent pas à la réalité. « Pourquoi est-ce que l’état d’urgence sanitaire n’est pas encore décrété, conformément à la loi 91-011 relative aux situations d’exception ? » s’interroge-t-il.
« Le confinement est la seule solution, mais sa mise en œuvre requiert des concertations urgentes. Devrait-il être partiel ou total ? Quels sont les besoins requis pour ce faire ? L’Etat trouve pourtant des ressources pour réaliser différents projets(…) Les vaccins, le CVO, la sensibilisation sur les gestes barrières… qui en sont responsables et comment les mettre en œuvre ? Qu’en est-il des traitements ? Les ressources humaines, matériels, hôpitaux oxygènes, médicaments sont-ils suffisants ? Quels ont été les résultats des opérations coup de poing de tracing contact. La situation est-elle maîtrisée ? »…sont autant de question que se pose Jerisoa Ralibera.
De nombreux médecins sont également favorables à un retour au confinement. C’est le cas du Dr R.R qui exerce dans une clinique privée et qui explique : «Les cas positifs grimpent en flèche. Nous enregistrons 4 à 5 nouveaux cas par jour. Nous sommes débordés. Le confinement permettra de réduire les contacts et ainsi, les risques de contamination. La circulation sera également plus fluide et nous permettra de se rendre plus rapidement chez les malades pour des suivis à domicile, les hôpitaux étant saturés ».
L’an dernier, le premier décret proclamant l’état d’urgence sanitaire sur tout le territoire de la République a été pris en conseil des ministres le 21 mars 2020. Le président Andry Rajoelina a ensuite annoncé le confinement pour la région Analamanga et Toamasina à compter du 23 mars 2020. A l’époque, 12 cas de contamination au coronavirus ont été officiellement recensés. Le premier décès a été enregistré plus tard, au mois de mai. Actuellement, rien que pour la journée du 30 mars, 162 nouveaux cas positifs et 15 décès ont été enregistrés.
Mardi dernier, au Centre de Traitement Covid-19 Mahamasina, le premier ministre Ntsay Christian a lancé un appel à la population malgache «Chacun doit respecter les gestes barrières et approcher les centres de santé en cas de suspicion. Force est de constater que nombreux ne le font pas. Cela est pourtant indispensable pour éviter que l’Etat ne prenne d’autres mesures comme le confinement afin de permettre à la population malgache de poursuivre leurs activités quotidiennes ». Ceux qui sont contre le confinement soutiennent que cela sera désastreux pour l’économie et insupportable pour ceux qui doivent trouver de quoi se nourrir au quotidien.
De mars 2020 à fin février 2021, 297 décès liés à la covid ont été dénombrés. En tout juste un mois, ce mois de mars, 121 personnes en sont décédés. Ces chiffes confirment l’inquiétude du corps médical et des soignants. Mais alors, combien de morts faudra-t-il atteindre pour prendre des mesures plus restrictives ?
C.R