Grandes manœuvres politiques
Le régime de Hery Rajaonarimampianina et Marc Ravalomanana ne sont pas en phase. Bien au contraire, leurs différends sont étalés au grand jour. Tout a commencé depuis le retour intempestif de Ravalomanana au pays. Officiellement, les autorités n’en étaient pas au courant. Mais c’est maintenant que les analystes politiques estiment que quelques chancelleries en étaient au courant. Sinon, comment expliquer cette assurance de l’ex exilé d’Afrique du Sud qui avait organisé quelques heures après son arrivée en catimini une grande conférence de presse ?…
La Communauté internationale avait condamné ce forcing du bout des lèvres. On avait mis Ravalomanana en résidence surveillée pour sa sécurité, officiellement. On avait parlé d’ouverture d’une enquête internationale. Mais, jusqu’ici, rien comme résultats.
Sous la pression internationale, Ravalomanana recouvre la liberté. Il circule librement. Il va et vient à l’étranger. Il fait de la politique. Il est devenu un citoyen. Et ce qu’il fait en ce moment dérange le régime qui, visiblement aussi, ne veut pas se laisser faire. Ravalomanana a des points faibles, comme les milliards d’impôts impayés. Et également passés sous son régime mais qui ne sont pas légalement justifiés. Comme le terrain d’Andohatapenaka, le site ex Magro d’Ankorondrano. Ravalomanana s’en tient dans la logique de la feuille de route. Il « lie », en quelque sorte, la SADC. Mais le régime démocratiquement élu et légitime veut aller plus loin maintenant. La classe politique actuelle n’est plus celle qui a dominé la scène politique de la transition. La majorité des acteurs de la transition sont happés par les nouveaux enjeux comme le délestage, la dévaluation de l’Ariary, le peu d’empressement des bailleurs de fonds à financer le PND, les communales, les prochaines sénatoriales.
Ravalomanana manœuvre. Il n’a pas les bonnes cartes. Mais en jouant sur la provocation et la victimisation, il oblige le régime à se défausser. C’est-à-dire à brûler des bonnes cartes avant l’heure.
