Affairisme, élite monopolite, situation inchangée :12 experts crèvent l’abcès…

Affairisme, élite monopolite, situation inchangée :12 experts crèvent l’abcès…

Les impacts de la crise malgache continuent de se faire ressentir dans tous les secteurs de développement du pays. Des experts nationaux et étrangers examinent en ce moment ces maux en vue d’apporter les remèdes appropriés.

La revue pluridisciplinaire trimestrielle de l’Afrique contemporaine concentre sa publication sur la crise malgache. Elle s’intitule « Madagascar : anatomie d’un Etat de crise ». Une conférence en ce sens a été organisée hier à l’Université d’Antananarivo. L’objectif est d’apporter un éclairage sur la nature et l’origine des crises récurrentes à Madagascar.
12 experts dont Mireille Razafindrakoto, François Rouband, Patrick Rakotomalala, Jean Marc Châtaigner, Jean Fremigraci, Jean-Mi­chel Wachsberger, Ketakandriana Rafitoson, Samuel Sanchez, Toavina Ralambomahay, Perrine Burnod, Rivo Andrianirina, Beby Seheno Andriamanalina apportent leur réflexion sur la crise de 2009 à 2013.
Ce dossier consacré à la crise malgache comporte 6 articles. Le premier, écrit par Mireille Razafindrakoto, directrice de recherche IRD-DIAL, François Rouband, directeur de recherche IRD-DIAL, Jean-Michel Wachsberger, sociologue, expose une chronologie globale des principaux événements-repères qui ont façonné l’histoire de Madagascar depuis le XVIIIe siècle à nos jours.
Jean Marc Châtaigner, ancien ambassadeur de France à Madagascar (2009-2012), quant à lui, s’intéresse aux ressorts struc­turels de la crise de 2009-2013, causes de cette crise et les difficultés de son règlement. Il renvoie dos-à-dos les deux principaux protagonistes de la crise dont Marc Ravalomanana et An­dry Rajoelina, sans épargner la Communauté internationale qui s’est révélée d’une faible efficacité dans son rôle de médiation. « La crise malgache de 2008 à 2013 ne s’inscrit pas comme un épisode isolé dans l’histoire de la Grande île et des maux qui avaient affecté ce pays depuis le XIXe siècle. Les problèmes majeurs de la Grande île, ceux qu’il lui faudra surmonter et vaincre pour retrouver les chemins de la croissance et d’un développement qui ne soit plus contrarié, s’appellent la mauvaise gouvernance, l’affairisme et le mauvais partage de richesses. Faute de mettre ces questions sur la table et d’y apporter des réponses, le risque pourrait être grand que cette sortie de crise ne conduise à un nouveau bond en arrière, d’ici quelques années».
Erick Rabemanoro, chercheur en science politique et en histoire, s’intéresse aux élites politiques et plus spécifiquement à la prise de pouvoir. «Entre 1972 et 2010, la crise politique a été à quatre, une source d’alternance politique à Madagascar».
Patrick Rakotomalala, après avoir présenté de manière circonstanciée, l’action de la diplomatie fran­çaise entre 2009 et 2013, s’interroge sur les soubassements de position, doublement à contre-cou­rant. Il propose de considérer l’engagement de la France dans la crise malgache de 2009, un long moment opposé à ses homologues européens, africains et américains, en contradiction avec sa doctrine affirmée de neutralité. Patrick Rakotomalala montre que la question des îles Éparses demeure la première des préoccupations françaises.
Jean Fremigraci, historien spécialiste reconnu de Madagascar, analyse la crise de 2009 à l’un des invariants qui caractérisent le mode de gouvernance du pays depuis la période coloniale. L’article se termine par une note d’un grand pessimiste : aucun élément d’une synthèse entre tradition et modernité ne semble émerger et la perspective d’une tyrannie militaire n’est pas à exclure.
Ces auteurs sont una­nimes à dire que la situation présente, même un an après des élections qui étaient censées marquer la fin de la crise, ne donne guère raison d’espoir. En effet, rien n’a vraiment changé : le pays est dans l’impasse. Non seulement la reprise économique n’est pas au rendez-vous, mais plus largement, tous les facteurs qui ont concouru aux crises précédentes sont toujours à l’œuvre dans un environnement encore plus dégradé. La crise larvée peut, à tout moment, se transformer en crise ouverte, pour qu’un homme providentiel s’émerge (Ndlr : un hom­me capable de prendre le pouvoir et de le détenir).

Vola R

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