Afrobaromètre : La vindicte populaire prend de l’ampleur

Afrobaromètre : La vindicte populaire prend de l’ampleur

D’après une enquête effectuée par Afrobaromètre, la majorité des malgaches sont pour la vindicte populaire. Est-ce qu’il y a lieu de croire que la population n’a plus confiance ni aux autorités, ni à la Justice ?…

La vindicte populaire prend de l’ampleur et tend à devenir un mode de fonctionnement dans la société malgache. C’est ce qu’a révélé la plus récente enquête d’Afrobaromètre à Madagascar et dont les résultats ont été présentés de manière officielle la semaine dernière à l’hôtel Panorama d’Andrainarivo. Il ressort que 4 Malgaches sur 10 sont en faveur de l’application des vindictes populaires, pratique qui prévaut déjà dans les localités de résidence de 26% de la population. D’après cette même enquête menée en janvier et février 2018, les Malgaches pensent que les vindictes populaires sont justifiées pour certains types de délit en particulier. Cette idée est davantage soutenue par les ruraux et les répondants de niveau primaire et les non scolarisés. Par ailleurs, les « dina » ou pactes communautaires font partie du quotidien de 79% des ménages en milieu rural contre 55% des urbains. Ces données apportent un éclairage au contexte malgache et à un phénomène de société qui est apparu à Madagascar depuis quelques temps. Ainsi, plus d’1 Malgache sur 4, soit 26%, affirment que leur localité a été, dans les deux dernières années, le théâtre d’actes de vindicte populaire. Ce taux atteint 57% dans la région de Melaky. Le phénomène est essentiellement urbain avec 31% des répondants contre 24% en milieu rural, quatre Malgaches sur 10 (41%) sont « d’accord » ou « tout à fait d’accord » avec la pratique de la vindicte populaire. Cette acceptation est plus forte chez les ruraux (43% contre 31% des urbains) et chez les moins instruits, considérés comme justifiées pour les viols et les vols de zébus par, respectivement, 44% et 40% des Malgaches, les vindictes populaires restent non justifiées pour une large majorité des répondants pour les vols à l’étalage ou les vols à la tire. 80% des ruraux contre 55% des urbains vivent avec les « dina » ou pactes communautaires en tant que moyen de régulation sociale. Liés essentiellement aux vols de zébu (35%), à l’hygiène et à l’assainissement (18%) et aux traditions (13%), les « dina » portent sur différents aspects de la vie des Malgaches et peuvent concerner également la gestion des ressources naturelles comme le port illicite d’arme à feu, entre autres domaines.

L.R

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