Agression contre les albinos à Madagascar : Les recommandations de l’experte de l’ONU

Fin de la visite officielle à Madagascar de l’experte de l’ONU sur la jouissance des droits de l’homme par les personnes d’albinisme, Muluka-Anne Miti-Drummond. Elle a fait part de ses observations préliminaires, à Andraharo hier, au cours d’une rencontre avec la presse. «J’ai été informée de deux seules condamnations sur l’ensemble des 11 affaires d’enlèvement d’albinos enregistrées auprès de la police et des 33 autres enregistrées auprès de la gendarmerie », a-t-elle déploré. Elle demande que les procédures régulières soient respectées et que les affaires touchant les personnes atteintes d’albinisme fassent l’objet d’enquêtes appropriées afin de faciliter l’identification et la poursuite des agresseurs. «Il faut communiquer les résultats des procès aux victimes et à leurs familles, ainsi qu’au grand public, car cela peut contribuer à éviter la justice populaire », a-t-elle insisté.
L’experte est également préoccupée par la capacité de la police et de la gendarmerie à mener des enquêtes sur ces affaires de manière efficace. Si les autorités locales ont déclaré disposer de compétences et de capacités suffisantes en matière d’expertises médico-légales, d’autres ont souligné que l’absence de base de données d’empreintes digitales, de laboratoires d’analyses médico-légales et de médecins légistes qualifiés constituent un obstacle majeur. L’experte estime par ailleurs que l’absence d’enquête dans les règles de l’art entrave la possibilité d’engager des poursuites effectives. «Dans quelques cas qui ont fait l’objet de poursuites, des charges insuffisantes et des sanctions très clémentes ont été appliquées. Les cas qui m’ont été rapportés concernaient des poursuites pour enlèvement avec des peines allant de 15 mois avec sursis à 30 mois d’emprisonnement au maximum. De telles peines ne reflètent pas la gravité des agressions sur les personnes atteintes d’albinisme », s’insurge-t-elle, tout en notant que les pics des agressions contre les personnes atteintes d’albinisme se sont produits au cours de ces trois dernières années. En raison de ces agressions, les personnes atteintes d’albinisme vivent constamment dans la terreur, et continuent d’être victimes de stigmatisation et de discrimination.
Mme Muluka-Anne Miti-Drummond a toutefois souligné les initiatives positives du le gouvernement malgache et des partenaires, notamment la mise en place d’un comité technique sur l’albinisme. Ce comité est un groupe multisectoriel qui étudie la possibilité d’élaborer une politique nationale sur les personnes handicapées. Parmi ses recommandations, figurent le soutien des travaux dudit comité technique ainsi que l’inclusion et la participation des albinos dans l’élaboration et la mise en œuvre du plan d’action national sur l’albinisme et garantir les ressources nécessaires à la réalisation de leurs travaux et recommandations. Il en est de même du soutien au travail d’analyse de la situation des personnes atteintes d’albinisme qui contribuera à la mise en place des actions concrètes nécessaires pour améliorer la vie de ces personnes.
Enfin, l’experte estime qu’il est indispensable de disposer de données et de statistiques fiables sur les personnes atteintes d’albinisme pour permettre de formuler les politiques pour permettre d’évaluer le soutien dont ces personnes auraient besoin pour relever les différents défis auxquelles elles sont confrontées.

C.R

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