Alliance pour l’industrialisation durable : « La crise économique ne fait que commencer »

Il ne peut y avoir de développement économique sans industrialisation. C’est sur cette conviction qu’a été créée l’Alliance pour l’Industrialisation Durable de Madagascar avec comme objectif, d’amener l’Etat à faire de l’industrialisation l’une de ses priorités.

«La crise sanitaire était imprévisible et elle a montré les limites de la mondialisation et de la délocalisation. Même si l’on s’achemine progressivement vers un déconfinement, c’est maintenant que la crise économique et sociale va véritablement s’installer ». Ces propos sont de Rivo Rakotondrasanjy, président de l’Alliance pour l’Industrialisation Durable. Selon ses dires, les impacts de la crise se font de plus en plus sentir sur la trésorerie des entreprises, le changement du marché…
Les stratégies de relance reposent sur un choix de priorité. Les industries agro-alimentaires figurent parmi les secteurs prioritaires car elles permettent au pays de nourrir sa population. «Madagascar importe du sucre, de l’huile alimentaire, de la farine… L’industrie est une manière de transformer la production agricole et les matières premières dans le pays. Il y a un énorme potentiel aujourd’hui où presque 95% des marchandises non agricoles sont importées », a-t-il ajouté.
Avant la crise, un appui à l’émergence industrielle a été conclu avec l’Organisation des Nations Unies pour le Développement Industriel ONUDI et un atelier de validation du plan émergence de Madagascar s’est tenu en 2019. Durant la crise sanitaire, un plan multisectoriel d’urgence a été élaboré. «Nous avons besoin de concret, il faut joindre l’acte à la parole», enchaîne Rivo Rakotondrasanjy

Fermeture de l’usine AAA

« Sur le principe, je déplore l’absence de consensus ainsi que la solution radicale. Comme je n’ai pas la maîtrise du dossier, je n’ai pas de position fixe(…) « La fermeture d’usine n’est pas une priorité à l’heure actuelle. Les contribuables doivent aussi payer ce qu’ils doivent à l’Etat. Comment payer les arriérés de l’Etat sans travailler ? », s’interroge Rivo Rakotondrasanjy. Il estime qu’une plateforme de dialogue devrait être mise en place.

LDIM

L’industrialisation étant un processus, l’Alliance et l’Etat devraient travailler main dans la main. L’Alliance pour l’Industrialisation Dura­ble a renouvelé hier son engagement, au siège de la Friedrich Ebert Stiftung d’Ankadifotsy. Sa charte et son règlement intérieur ont été réactualisés. Elle continue son lobbying pour que soit appliqué la loi 2017-047 du 29 janvier 2018 pour le développement de l’industrie à Madagascar (LDIM). «A ce jour, il n’y a toujours pas de décret d’application », a fait remarquer Rivo Rakotondrasanjy.
La mise en place de l’Agence Nationale de Développement de l’Industrie (ANDI) constitue l’un des points de discorde. Pour l’administration, l’ANDI est un doublon du ministère ou encore de l’EDBM. Les opérateurs soutiennent, pour leur part, qu’il s’agit d’une agence mixte composée aussi bien du secteur privé que du secteur public. « Il est temps de reprendre les discussions », conclut le président de l’Alliance.

Claudia R.

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