Confédération du Tourisme de Madagascar : « Il faut du concret pour sauvegarder le secteur »

La pandémie de Covid-19 a subitement interrompu l’élan observé dans le secteur tourisme. Le dynamisme remarquable du secteur, enregistré l’an dernier s’est transformé en une situation agonisante. Le secteur tourisme est au plus mal et continue de sombrer.

“Dans le secteur privé, le tourisme est le plus impacté par la crise. Les frontières sont fermées depuis trois mois maintenant. Il n’y a plus de touristes, et partant, il n’y a plus de recettes », se désole Patrice Raoull, président de la Confédération du Tourisme de Madagascar (CTM). «D’où la nécessité de passer à des mesures plus concrètes». La situation est telle que de nombreux opérateurs ont dû fermer leurs entreprises et des employés se retrouvent au chômage. Cela concerne tous les maillons de la chaîne, allant des agences de voyages aux guides touristiques, en passant par les établissements hôteliers et les transporteurs. A maintes reprises, il a été précisé que 40.000 emplois directs et plus de 300.000 emplois indirects sont en péril. A part les opérateurs et acteurs du tourisme, plus de 1,5 million de personnes qui en dépendent, subissent les méfaits de cette crise sanitaire.
Patrice Raoull se réjouit, néanmoins, que le dialogue avec l’Etat ait été amorcé et espère que d’autres rencontres se tiennent prochainement. « On est parti d’une crise sanitaire, et on parle aujourd’hui de crise économique. En outre, on est en train de sombrer dans une crise sociale qui touche les opérateurs privés, que ce soit dans le tourisme ou dans les autres secteurs ». Le président de la Confédération du Tourisme de Madagascar insiste sur le fait que la crise sociale qui est en train de s’alourdir doit être prise en considération. Si des opérateurs touristiques ont concédé un effort pour assurer le paiement d’un demi-salaire depuis le début de la pandémie, sans soutien de l’Etat, ils ne pourront malheureusement plus le maintenir. Des mesures sociales d’urgence s’imposent pour sauvegarder les emplois et soutenir les entreprises. Il reste cependant optimiste en insistant sur le fait que la rencontre qui s’est tenue récemment à Iavoloha constitue une porte ouverte et il va falloir poursuivre les échanges pour parvenir à…du concret.

Préparation de la reprise

Depuis la semaine dernière, les responsables du secteur se mobilisent pour préparer la reprise des activités touristiques qui se fera tôt ou tard. «Nous nous préparons pour la reprise. Nous travaillons sur les protocoles d’hygiène et sanitaires qui concernent les différents corps de métiers du tourisme mais qui concerneront également nos infrastructures de manière à être prêts lorsque le président de la République décidera d’ouvrir les frontières ». Ces mesures seront adoptées afin de permettre de garantir aux futurs touristes un niveau maximum de sécurité sanitaire.

Investissement….

Lors de la rencontre avec le secteur privé du 17 Juin dernier, le président Andry Rajoelina a reconnu que le tourisme, passablement affaibli par la crise, constitue néanmoins un pilier du développement. « L’Etat va lancer des programmes de formation et d’appui dans le secteur touristique et réitère également un appel à un investissement dans ce domaine ». Toutes les réserves foncières touristiques, propices à l’investissement, sont déjà mises à la disposition des opérateurs, avec un cahier des charges précis. D’après le locataire d’Iavoloha, « l’accès au foncier sera facilité et se fera de façon transparente. Le secteur du transport maritime et fluvial fait l’objet d’appel à investissement. L’Etat est disposé à prévoir des allègements fiscaux et à revoir sa politique douanière pour accélérer l’entrée de tous les matériels visant à démarrer ces activités ».
Des entreprises nationales étaient prêtes à investir dans l’hôtellerie. « Malheureusement avec cette pandémie, tout a été stoppé », note Patrice Raoull, président de la Confédération du Tourisme de Madagascar. «Lorsqu’on parle d’investissement, on est déjà sur la relance. Aujourd’hui, nous sommes dans une situation d’urgence. Le secteur privé est complètement malade et affaibli. C’est important d’investir dans le pays. Mais pour investir on doit être en bonne forme. Il est important de sauvegarder et de guérir ce secteur qui est malade pour pouvoir ensuite, avoir la capacité d’investir ».

Claudia R.

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