Crise sanitaire : Perte de 305 millions d’emplois dans le monde

La pandémie a des effets catastrophiques sur le monde du travail, causant d’innombrables souffrances et exposant au grand jour l’extrême vulnérabilité de millions de travailleurs et d’entreprises, selon l’Organisation Internationale du Travail (OIT). Madagascar n’en est pas épargnée.

“La fermeture de lieux de travail qui s’est multipliée dans le monde en raison de la Covid-19, entraîne la perte de 305 millions d’emplois », selon les dernières estimations de l’Organisation Internationale du Travail (OIT). Avec l’état d’urgence sanitaire, d’innombrables contrats de travail sont rompus à Madagascar, bien que des statistiques n’aient pas encore été publiées. Des milliers de travailleurs sont actuellement au chômage technique, et d’autres ont vu leur contrat résilié. «Il arrive que les plus jeunes soient rappelés par leurs employeurs pour devenir de simples employés contractuels ou temporaires », se désole Rémi Henri Botoudi, Secrétaire Général de la Confédération Chrétienne des Syndicats Malgaches SEKRIMA (Sendika Kristianina Malagasy) et non moins coordonnateur général de la Conférence des Travailleurs de Madagascar (CTM). Même le calcul des droits en cas de licenciement pour motif économique n’est plus respecté. Certains ne jouissent que de 50% ou 75% de leurs droits fondamentaux. Des employés du secteur privé doivent par ailleurs travailler jusqu’à midi, sans que des mesures ne soient prises pour assurer leur transport.
Pour réduire l’impact de la Covid-19 sur les entreprises, les emplois et les plus vulnérables, quatre axes essentiels sont définis par l’OIT : stimuler l’économie et l’emploi ; soutenir les entreprises, les emplois et les revenus à travers une extension de la protection sociale pour tous, une application des mesures de maintien des emplois ainsi que des aides financières et mesures fiscales au profit des entreprises. S’y ajoutent la protection des travailleurs sur le lieu de travail ainsi que l’instauration du dialogue social pour trouver des solutions.
Le marché du travail pour le reste de l’année 2020 dépendra des choix politiques et des mesures prises, ainsi que des évolutions futures de la pandémie, indique l’OIT. « Jusqu’ici, de nombreux pays ont injecté des ressources sans précédent pour stimuler l’économie et l’emploi, à travers notamment des mesures fiscales, monétaires et liées à la protection sociale. Il reste que l’espace fiscal a des limites dans un certain nombre de pays à bas revenu et à revenu intermédiaire ».
C’est le cas de Madagascar. Tel que nous l’avions précisé dans nos colonnes, bien que la CNaPS ne puisse pas prendre en charge les pertes salariales, une contribution de sa part est sollicitée par les travailleurs face à cette crise sanitaire qui est devenue une crise sociale. Une telle mission n’est cependant pas prévue par le cadre juridique et requiert une décision du gouvernement. Le SEKRIMA appuie les suggestions émises par les Chefs d’Etat lors de la rencontre au sommet mondial virtuel de cette semaine par l’Organisation Internationale du Travail pour évaluer l’impact de la Covid-19 sur l’avenir du travail. «Chaque pays doit élaborer une nouvelle loi adaptée au contexte pour y faire face et assurer la relance économique » précise notre interlocuteur. Une fois de plus, Rémi Henri Botoudi a mis l’accent sur l’importance d’un dialogue entre l’Etat, les employeurs et les travailleurs pour trouver une solution face au contexte actuel. « Il est grand temps que le Conseil National du Travail soit pleinement opérationnel ».

Claudia R.

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