De la chasse aux sorcières à la chasse aux trésors : Le MAPAR victime du retour de manivelle

De la chasse aux sorcières à la chasse aux trésors : Le MAPAR victime du retour de manivelle

«Mme Christine Razanamahasoa a été écartée ». Ce fut le titre de notre article d’hier, avec un rien provocateur, mais bien drapé d’actualité. En effet, la présidente de l’Assemblée nationale a été ignorée lors de la cérémonie de prestation de serment des 3 nouveaux Hauts Conseillers. Pas seulement ignorée. La Présidence n’a pas reconnu son titre de présidente d’Institution. La concernée crie au scandale…

Colère. Indignation. Ire. Courroux. Autant de mots pour qualifier la réaction du MAPAR en général et de l’intéressée, en particulier. Une conférence de presse a été donnée par Mme Christine Razanamahasoa, visiblement, très déçue et remontée estimant que c’est « une atteinte à la dignité de l’Assemblée nationale »…
« Que dire du comportement d’un vice-président de l’Assemblée MAPAR à Manakara le 08 mars dernier lors d’une séance de travail organisée par le Président de la République ? Il était invité, mais il n’était arrivé dans la salle que quelques minutes avant la clôture de la séance », devait rappeler, avec ironie, pour sa part, un député de la PMP…
C’est un simple retour de manivelle, de l’avis des analystes politiques. Le MAPAR qui crie « non à la chasse aux sorcières » est en train de payer les pots cassés pendant ces trois derniers mois. (Notons que la Direction des impôts vient de lancer une opération de contrôle fiscal. Une sorte de chasse aux trésors, c’est-à-dire les recettes fiscales non perçues. Des gros bonnets politiques et opérateurs économiques liés à la Transition sont dans la ligne de mire…).
La politique a ses raisons que la raison ne connait pas
Pourquoi ces 3 derniers mois ? Les hostilités n’étaient pas ouvertes avant-hier à Ambohidahy. Tout a commencé pendant la campagne électorale.
– La création du HVM n’a pas plu à la mouvance Rajoelina.
– La rivalité entre Ambohitsorohitra et Antanimena était un secret de polichinelle.
– Les incidents protocolaires provoqués en défaveur du Président élu lors de la cérémonie d’investiture.
– L’empressement des proches de Rajoelina à médiatiser ce qu’ils ont qualifié de plagiat en parlant d’un extrait du discours-programme du Président de la République.
– L’éviction des ténors de la transition, proches de Rajoelina (sauf Norbert Lala Ratsirahonana) lors du dîner officiel donné à Iavoloha, en l’honneur des délégations étrangères.
– Les limogeages des hommes clés de Rajoelina
– La main basse du MAPAR et du GPS sur les sièges du bureau permanent de l’Assemblée nationale. Contrairement aux accords convenus entre le HVM et le MAPAR bien avant la cérémonie d’investiture… Un marché de dupes, apparemment.
– La conférence de presse du fondateur du MAPAR, un vendredi, au Carlton. Andry Rajoelina a publiquement descendu en flammes le Président élu, le qualifiant de menteur ou encore de traître à la famille politique à cause de ses relations avec la mouvance Ravalomanana…
– Le dernier incident en date est la mise à l’écart de Mme Christine Razanamahasoa lors de la cérémonie d’Ambohidahy. « C’est la Présidence qui s’est chargée des invitations », a-t-on indiqué du côté de la HCC.
Le MAPAR ne se fait plus d’illusions. Il n’a plus le « contrôle » de cette Cour. Et il doit s’attendre à des secousses encore plus marquées. Nous ne sommes pas encore en session parlementaire. Et la Présidence ne convoquera pas une session extraordinaire sans avoir mis les atouts et arcanes juridiques de son côté.
De quels moyens légaux peut disposer cette équipe du bureau permanent de l’AN ? Pas beaucoup. Il est devenu irréaliste de penser à une motion d’empêchement ou à une destitution. La nouvelle Présidence et le gouvernement intérimaire veil­lent au grain. Qui plus est le ministère de la Justice est confié au Premier ministre Omer Beriziky.
Se tourner vers les Forces armées ? Peu probable. L’Armée a un nouveau Chef suprême. Et aux dernières heures, le FMI a déclaré que le nouveau régime malgache est crédible et solvable et que le FMI reprend officiellement ses relations avec Madagascar devenue un Etat de droit et présidée par Hery Rajaonarimampianina… Un ange passe…
Et au final alors, deux options s’offrent au MAPAR : la négociation ou la rue.

E.A

Ce contenu a été publié dans Ma-LAZA. Vous pouvez le mettre en favoris avec ce permalien.

Les commentaires sont fermés.