Les magistrats en colère
Une autre crise couve, et, cette fois ci, elle doit être prise très au sérieux. Car elle concerne une des assises de la République : la Justice. Ses membres s’indignent cointre le traitement infligé à certains de leurs homologues, victimes de décisions administratives arbitraires…
Les membres du Syndicat des Magistrats de Madagascar (SMM) ont tapé du poing sur la table, et dénoncent ce qu’ils appellent « atteintes à l’intégrité de la Justice ». Ils n’ont pas manqué de manifester leur colère par le biais d’une déclaration prononcée par Alphonse Andrianjafimahery, président du SMM, dans l’enceinte de la Cour Suprême d’Anosy hier. Il ressort que les membres du SMM s’insurgent contre une tentative plus ou moins réussie de l’Exécutif à mettre la justice sous son influence et la confusion du système judiciaire à l’appareil exécutif, qui se traduit notamment par les ordres d’affectations massives et de soit disant restructuration dans plusieurs juridictions de Madagascar. Face à pareille situation, le SMM tire la sonnette d’alarme pour interpeller les concernés et rappeler ainsi qu’un État de Droit exige une justice indépendante et autonome, et non une justice vulnérable avec des Magistrats qui ne peuvent travailler en toute sérénité, craignant perpétuellement de se voir propulsés dans n’importe quelle juridiction sur ordre ou sur pression de l’Exécutif. Alphonse Andrianjafimahery, président du SMM a tenu à rappeler que le Conseil Supérieur de la Magistrature (CSM) a été institué avec pour mission justement de lutter contre les affectations arbitraires et disciplinaires déguisées. Le président du SMM a fait état de vice de procédures ainsi que de violation des dispositions légales concernant les affectations en question. Se référant aux lois et textes en vigueur, Alphonse Andrianjafimahery a argumenté que dans la Constitution, il est stipulé que les « magistrats de siège son inamovibles, ils ne peuvent recevoir sans leur consentement aucune affectation nouvelle », une disposition confirmée par le statut de la Magistrature, suivant l’ordonnance 2005-005 du 22 mars 2006.
Dans ses revendications, le SMM réclame le respect strict de la légalité, dans les décisions prises par le Conseil Supérieur de la Magistrature, ainsi que la suspension de l’application aux fins de reconsidération de ces décisions.
Le SMM a également saisi cette occasion pour condamner les attaques médiatiques et autres campagnes de dénigrement contre certains magistrats, dont les noms, les fonctions et les identités sont souvent dévoilés. Ils désignent du doigt des manœuvres incitant à la haine.
Le SMM s’est également manifesté à propos de l’affaire controversée des flamands roses, le cas des cambrioleurs incarcérés à Morondava ou encore l’affaire de la présidente du tribunal de la même localité dont la voiture a été incendiée.
L.R
