Député Malement Liahosoa : «La politique ne doit pas occulter les enjeux économiques…»
Tout le monde attend le nom du futur Premier ministre. Malement Liahosoa , député de Madagascar élu à Ampanihy Ouest, fait le point de la situation. Tout en soulignant qu’il ne faut pas perdre de vue les attentes de la population.
Question : Monsieur le Député, nous attendons toujours la nomination du Premier ministre. Comment, vous de la PMP, vivez-vous la situation ?
Député Malement Liahosoa : Avec sérénité. Je fais confiance au Président de la République et je crois que mes amis de la PMP le font également. Nous venons de sortir d’une crise majeure et, à mon avis, il faut mettre l’accent sur la recherche d’un réel équilibre et d’une nécessaire cohérence au niveau des institutions. Notamment au niveau de la Primature et de l’Assemblée nationale. Il faut que le Président de la République, le Premier ministre, la majorité parlementaire, soient en harmonie.
Question : Avez-vous eu une réunion avec le MAPAR ? Si oui, quels en sont les résultats ?
Député Malement Liahosoa : La PMP parle avec tout le monde. Nous avons rencontré le MAPAR, le GPS. Nous étions aussi à la Présidence. Nous cherchons les voies et les moyens pour permettre au Président de la République, à l’Assemblée nationale, à la Primature, de s’atteler au développement.
Question : On a quand même l’impression que la politique s’entête à prendre le pas sur les urgences économiques et sociales en ce moment…
Député Malement Liahosoa : Ce fut inévitable, mais il ne faut, justement, pas s’embourber dans cela et perdre de vue les attentes de la population. La politique ne doit pas occulter les enjeux sociaux et économiques de l’heure. La Communauté internationale attend un gouvernement fort, crédible en qui elle peut faire confiance. Ce bureau permanent de l’Assemblée nationale, mis en place à la hâte, aux dépens des textes réglementaires et des accords politiques passés tacitement, ne convainc pas cette Communauté internationale. Et c’est un des motifs pour lesquels la PMP s’est levée.
Question : Quels sont les enjeux économiques et sociaux ?
Député Malement Liahosoa : La situation ne sera pas facile. Il faut le dire pour ne pas tromper la population. Nous sommes en période de reconstruction. La dépréciation de l’Ariary est un signal d’alarme. Madagascar doit faire face au marasme pour quelque temps avant le redécollage de l’économie. La normalisation des relations avec l’UE, la Banque mondiale, le FMI sur le papier sera certainement rapide dès la formation du nouveau gouvernement. Mais le déblocage des crédits ne se fera pas pour autant du jour au lendemain. Cela dit, il faut bien préparer notre dossier technique avec l’élaboration d’un document cadre pays, sur le plan macro économique et, bien sûr, avec comme socle, le discours programme du Président de la République.
Question : Et il faut aussi attendre la fameuse conférence des bailleurs de fonds de Madagascar…
Député Malement Liahosoa : Cette conférence des bailleurs de fonds est déterminante. Car ce sera une levée de fonds pour Madagascar. Un « basket fund » sera constitué. En 2002, un fonds d’urgence a été créé pour pallier à la crise économique et sociale. On fera probablement la même chose. En tout cas, conférence ou réunion du groupe consultatif, cela marquera le retour de Madagascar dans le monde financier et des affaires.
Question : Quelles priorités, d’après vous ?
Député Malement Liahosoa : Le Président de la République l’a dit. Tout est prioritaire, maintenant : le vécu quotidien, la sécurité, l’éducation, l’emploi, les investissements privés, le tourisme, la protection de l’Ariary, la réconciliation nationale. Tout. Par exemple, dans le sud d’où je suis originaire et comme je suis un technicien en la matière, je pense qu’il faut déployer d’urgence une efficace politique de l’eau.
Nous avons besoin du soutien des bailleurs de fonds. Nous, politiciens, nous devons également connaître le contexte international. La Communauté internationale est préoccupée par les problèmes ukrainien, syrien, libyen. Ou encore par ce qui se passe en Centrafrique. Madagascar n’est pas la priorité. Voilà pourquoi nous devons prêter un flanc unique pour servir de modèle de réussite en Afrique après une crise majeure.
Propos recueillis par E.A