Droits de l’homme et Environnement : John H. Knox fait son rapport

Droits de l’homme et Environnement  : John H. Knox fait son rapport

Le Rapporteur Spécial des Nations Unies John H. Knox était dans nos murs du 25 au 31 Octobre dernier. A l’issue de sa mission, il a demandé aux donateurs de répondre, en toute urgence, à l’appel à l’aide des agences onusiennes. Récemment, ces dernières ont annoncé que près de 850 000 personnes du sud de Madagascar sont dans une situation d’insécurité alimentaire aigüe. Pour les aider, le Programme Alimentaire Mondial, la FAO et l’UNICEF élargissent leurs engagements et leurs ressources le plus rapidement possible. Pour éviter une catastrophe, un besoin de financement supplémentaire de 115 millions de dollars est nécessaire.
Au cours d’une rencontre avec la presse, qui s’est tenue à Andraharo lundi dernier, le Rapporteur spécial des Nations Unies a insisté sur le fait que les individus ont le droit à la liberté d’expression, y compris lorsqu’ils attirent l’attention sur des crimes allégués sur l’environnement, et ils ne devraient jamais être harcelés ni punis pour l’exercice de ce droit.
En revanche, les autorités ont l’obligation d’encourager et de protéger ceux qui cherchent à protéger l’environnement dont nous dépendons tous. Il a en effet eu vent des préoccupations des défenseurs de l’environnement lors de sa visite sur les menaces qu’ils ont reçues. Il a appris les poursuites intentées contre M. Clovis Razafimalala, coordonnateur de la coalition Lampogno, actuellement incarcéré et Armand Marozafy, qui a été emprisonné l’année dernière pendant quatre mois, après avoir tenté d’attirer l’attention sur le trafic illégal de bois de rose.

Trafic illicite

Dans la déclaration qu’il a faite au terme de sa mission dans la Grande île, il a indiqué que «le trafic illicite a également un effet corrosif sur la bonne gouvernance, parce que les trafiquants utilisent l’argent qu’ils gagnent pour contribuer à la corruption, lequel d’après ce que j’ai entendu à plusieurs reprises, constitue une grande menace au bien-être économique et environnemental de Madagascar. En ce qui concerne la protection de l’environnement en particulier, la corruption sape tous les efforts de conservation de l’environnement naturel et pour faire en sorte que les ressources naturelles soient utilisées de manière durable».
John H. Knox a, cependant, eu l’assurance du Gouvernement qui s’est engagé à prendre des mesures concrètes pour lutter contre la corruption, notamment en renforçant le système judiciaire.
Il encourage le gouvernement à travailler avec les organisations environne- mentales sur le problème du trafic illicite en citant comme exemple le projet ALARM (Application de la Loi contre les Abus sur les Ressources naturelles de Madagascar) initié par l’AVG.

Secteur minier

Pour veiller au respect des droits humains et de l’environnement, les permis miniers ne devraient être délivrés qu’après qu’une évaluation complète des impacts environnementaux et sociaux soit terminée et que toutes les informations pertinentes soient fournies au public, et que les communautés locales soient consultées pour leurs points de vue sur l’opération minière envisagée.
A Moramanga, le Rapporteur spécial des Nations Unies a visité un centre de formation géré par Ambatovy et qui sert d’exemple concret de ces avantages. Ce haut responsable s’est également entretenu avec des membres de l’organisation VONA Fitiavan-Tanindrazana dans la zone de Soamahamanina. Ils ont partagé leurs préoccupations relatives à l’exploitation minière et, en particulier, la récente arrestation de cinq personnes. «Sans chercher à juger le conflit, je prie instamment le Gouvernement et tous les acteurs à résoudre pacifiquement le différend et ce, le plus rapidement possible et d’éviter toute mesure susceptible de faire escalader le conflit».
Les conflits autour des exploitations minières sont fréquents. Pour y pallier dans la Grande île, le Rapporteur spécial des Nations Unies suggère au gouvernement d’envisager l’institution d’une commission permanente de médiation / de conciliation avec le pouvoir d’entendre les doléances des communautés locales sur les exploitations minières et de travailler à résoudre ces griefs pacifiquement et rapidement. Une telle institution pourrait être mise en place dans le cadre de la révision du Code Minier.

Andasibe

La visite effectuée à Andasibe a beaucoup marqué le Rapporteur spécial des Nations Unies. «Je n’oublierai jamais le moment où j’ai vu les indri et entendu leurs chants, dont la beauté n’a d’égale que les chants des jeunes qui nous ont accueillis auprès de leur communauté. J’ai été très impressionné par l’engagement de la communauté à protéger la forêt et toutes les espèces qui y vivent».
Les communautés, comme celles d’Andasibe, qui protègent les richesses vivantes de Madagascar comme les lémuriens fournissent un véritable service à toutes les populations dans le monde. En dépit des difficultés importantes, Madagascar a longtemps été un pionnier de l’exploration et de la mise en œuvre des moyens de faire participer les communautés locales à la gestion et de bénéficier des avantages des zones protégées. Son expérience apporte jusqu’à présent, des leçons précieuses à d’autres pays dans des situations similaires.

Recueillis par C.R

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