Economie : Guerre ouverte entre le Trésor public et quelques ministres

Economie : Guerre ouverte entre le Trésor public et quelques ministres

Dans les coulisses, on parle d’une pression exercée en haut lieu pour que le Trésor Public débloque une quarantaine de milliards d’Ariary dans les plus brefs délais, sans suivre la procédure légale, autrement son Directeur Général serait limogé. Fidèle à ses valeurs (bonne gouvernance, orthodoxie financière…), le Trésor Public n’entend pas céder à ces pressions.

«L’on accuse le Trésor Public d’être un obstacle à la non réfection des routes. Mais nous ne pouvons procéder à un déblocage sans suivre la procédure normale», a indiqué Voahanginirina Alberthe, Présidente des délégués du Personnel, en marge d’une conférence de presse qui s’est tenue à la Paierie Générale d’Antananinarenina.
« Malgré les menaces de toutes sortes, les intimidations et acharnements de tout genre, qui constituent le lot quotidien du Trésor Public, l’ensemble du personnel du Trésor Public ne laissera personne réduire à néant tous les efforts fournis pendant ces six dernières années ». Les membres du personnel ont d’ailleurs fait preuve de leur solidarité en démontrant hier qu’ils n’ont nullement l’intention de fléchir et campent sur leur position, face aux agissements de certains tenants du pouvoir. La guerre est ainsi ouverte entre le Trésor Public et quelques Ministères…

Les lois adoptées en 2014

Le Directeur Général du Trésor, Orlando Robimananana, a rappelé que différentes lois ont été adoptées par l’Assemblée Nationale en 2014 et ont été déclarées conformes à la Constitution par la Haute Cour Constitutionnelle. Elles ont été promulguées et publiées au Journal Officiel. Ces lois sont axéés sur des réformes : réforme de la gestion de l’endettement et de l’octroi des dettes garanties par l’État (Loi N°2014-012), réforme sur les procédures de répression des infractions budgétaires, comptables et financières (Loi N°2014-013), réforme de la gestion du portefeuille de l’Etat dans les sociétés à participation (Loi N°2014-014). En principe, une société d’Etat ne peut financer le budget d’un Ministère, ni le parti politique d’une personnalité à la tête d’un Ministère ni une entreprise d’un dirigeant de Ministère. Conformément à la loi n°2014-014, relative aux sociétés commerciales à participation publique, « aucun membre des institutions (Parlement et Gouvernement) ne doit faire partie du Conseil d’Administration de ces sociétés. Il faut que le rôle de l’Etat Actionnaire respecte scrupuleusement les dispositions de la loi n° 2003-036 sans qu’aucune autorité publique ne puisse s’ingérer dans la gestion de ces sociétés ».
La notification de ces lois se heurte toutefois à des obstacles, des tenants du pouvoir faisant fi de ces dispositions.
Orlando Robimanana a rappelé que si 167 sociétés d’Etat ont été créées, il n’en reste plus que 50 et la moitié d’entre elles se trouve dans une situation difficile pour ne citer que la Jirama ou Air Madagascar… Le Trésor Public est chargé de la gestion des fonds, des titres et des valeurs, selon ses dires.

Orthodoxie financière

Le personnel du Trésor Public exige le respect de l’orthodoxie financière. L’action menée hier consistait surtout à informer le public de la réalité de la situation. Des représentants du personnel du Trésor Public des autres régions se trouvent actuellement dans la capitale. Une réunion est prévue se tenir pour déterminer l’attitude à adopter si les pressions, menaces et harcèlements dont le Trésor Public se dit victime se poursuivent.

C.R

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