FHORM Johann Pless : « Il faut sauver le secteur tourisme »

En berne depuis la crise sanitaire, le secteur tourisme peine à se relever. Des mesures ont déjà été prises par l’Etat, mais elles doivent être renforcées face au contexte actuel. Johann Pless, président de la Fédération des Hôteliers et Restaurateurs de Madagascar FHORM et administrateur de la Confédération du Tourisme de Madagascar CTM nous livre son point de vue : « il faut sauver le secteur ».

-MA-Laza : Pouvez-vous nous dresser un état des lieux actuel du secteur de l’hôtellerie et de la restauration?
-Johann Pless : Malheureusement pour l’hébergement et la restauration et les autres secteurs de la chaîne de valeur touristique, notre secteur enregistre encore une perte de 90% de revenu par rapport aux prévisions. On salue les initiatives gouvernementales pour ouvrir la destination de Nosy-Be. Mais depuis le 23 octobre, avec la nouvelle note de l’ACM qui interdit à de nombreux pays européens de rentrer sur le territoire national, les réservations ont approché de zéro au mois de novembre dernier. Elles ont un peu augmenté au mois de décembre, mais n’ont pas dépassé les 10% des prévisions.
Le secteur est encore sinistré aujourd’hui et il va le rester assez longtemps puisque nous n’avons pas encore d’annonce officielle sur l’ouverture d’Ivato ni l’ouverture aux autres pays européens à Nosy-Be. Si on analyse un peu, ce ne serait peut être pas avant avril 2021. Il va falloir tenir encore quatre mois alors que cela fait neuf mois que nous ne travaillons pas. C’est un véritable sinistre au niveau économique mais aussi au niveau humain. Nous avons plus de 10.000 collaborateurs dans l’hôtellerie, la restauration. La plupart n’a pas de revenu et se trouve au chômage technique. Le tourisme national ne représente qu’une infime partie des revenus qu’auraient dû avoir ces hôteliers ou restaurateurs en temps normal.
– Ma-LAZA : Que pensez-vous des mesures qui ont été prises jusqu’ici par l’Etat et y aurait-il d’autres mesures que vous préconiseriez ?
-Johann Pless : D’abord je voudrai saluer les mesures sanitaires puisqu’il est important que nos collaborateurs et nous, puissions rester en santé. Effectivement le gouvernement nous a accordés aux mois d’avril, mai…et jusqu’en septembre, des atténuations concernant des mesures fiscales, ce qui nous a permis de reporter les échéances, tout comme pour les factures de la Jirama. Nous avons eu accès à des crédits à taux bonifiés avec une garantie de l’Etat. Mais aujourd’hui, il faut aller plus loin puisque ça dure plus longtemps.
Janvier, février, mars 2021on ne va pas travailler et historiquement c’est également la basse saison. Plus clairement, avant juillet-août 2021, on va toujours être confrontés à d’importants problèmes économiques. Aujourd’hui nos demandes sont un peu supérieures. Nous demandons la prise en charge des factures de la JIRAMA d’avril à novembre par les partenaires techniques et financiers comme la Banque Mondiale qui investit déjà plus de 300 millions USD pour la JIRAMA et sa gouvernance. Nos factures représentent peut être environ 2 millions USD. Un « effet vertueux » est requis. En d’autre termes, au lieu de mettre en faillite les sociétés qui ne pourront pas payés leur JIRAMA et que ce gap in fine soit pris en charge par le bailleur l’année prochaine ; il faudrait que ces factures soient tout de suite prises en charge par les bailleurs pour garder ces sociétés en vie. Il faut pouvoir aider en amont plutôt que d’attendre que le pire arrive, que les sociétés ferment.
On demande aussi à ce que la CNaPS qui se porte très bien aujourd’hui au niveau financier, puisse garder les acquis sociaux pour nos salariés, sans nous demander de payer les trois derniers trimestres de 2020. Ce qui permettrait une pérennité de la survie des sociétés. Il faut bien sûr l’étudier, discuter avec les partenaires techniques et financiers, les ministères en charge du tourisme, de l’énergie, la JIRAMA, la CNaPS. Après mûre réflexion, nous estimons que cela est possible.

– Ma-LAZA : Si vous avez un message particulier à adresser, quel serait-il ?
– Johann Pless : Sauver l’hôtellerie-restauration, c’est aussi sauver l’environnement. Aujourd’hui, l’environnement est très fortement dépendant du secteur touristique. Sauver l’hôtellerie-restauration, c’est aussi sauver la culture, sauver le patrimoine, le patrimoine culinaire et tout ce qu’on peut offrir de culture à nos usagers et nos clients. Donc, sauvons l’hôtellerie-restauration, sauvons le tourisme!

Propos recueillis par Claudia R.

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