Impacts de la crise sanitaire Eric Koller : “La situation est catastrophique pour les hôteliers”

Une situation sans précédente. C’est ce que l’on peut dire de la crise sanitaire actuelle qui s’est vite décomposée en une crise économique et crise sociale. Le secteur de l’hôtellerie est frappé de plein fouet par les impacts de la pandémie. Tombé à genou, le secteur ne se relèvera pas de sitôt.

«La situation est catastrophique, voire dramatique pour le secteur hôtelier. Nous attendons la reprise. Mais pour l’instant, il n’y a aucune visibilité ». Cette réaction d’Eric Koller, Directeur Général du Groupe Colbert en dit long. Depuis mars, certains hôtels ont fermé, d’autres sont restés ouverts deux ou trois mois et depuis une vingtaine de jours, plus de 95% ont mis la clé sous le paillasson.
« Afin de préserver la santé de nos équipes et vous donner le meilleur des services, nous vous informons que notre établissement sera fermé à compter de ce jour jusqu’à nouvel ordre! Restez chez vous et prenez soin de vous! » avait communiqué l’Hôtel Colbert le 6 Juillet. Dès que possible, une réouverture de la Pâtisserie est prévue, à commencer par les services à emporter et les livraisons.
Avec la fermeture des frontières et la suspension des vols, la majorité des hôtels de la capitale sont vides. La situation est quasiment la même pour Colbert, Novotel, Carlton… 60 à 75% de leur clientèle relèvent de la catégorie « business ». « Ces clients risquent de changer leur méthode de travail en optant pour le télétravail et la visioconférence plutôt que de se déplacer. Si tel est le cas-là, nous allons beaucoup souffrir » craint notre interlocuteur.
Sans touristes, les hôtels de province sont aussi en grande difficulté. Rappelons que près de 60% du parc hôtelier à Madagascar appartiennent à des étrangers. « Beaucoup commencent à vouloir partir rejoindre leur famille à l’étranger en laissant leur établissement aux services sécurité et entretien. Ils prévoient de revenir dès que ce sera possible, probablement au dernier trimestre de l’année » poursuit ue gérant de complexe hôtelier.
Les employés souffrent aussi de la situation. «Au début on a pu résister mais on ne peut pas tenir ainsi pendant des mois » confie Eric Koller. «Après avoir procédé à la mise en chômage technique partiel, l’épuration des congés, la mise en demi-salaire et mi-temps des salariés, les employeurs n’ont plus aucun moyen de subvenir au paiement de leurs charges (…) » tel qu’il a été précisé par la Confédération du Tourisme de Madagascar. A titre de rappel, la Confédération a demandé l’annulation de toutes les obligations fiscales, sans pénalités pour l’exercice 2020, et ce, jusqu’à l’ouverture de l’espace aérien. A cela s’ajoute la suspension des charges sociales et patronales et bien d’autres.
Pour les acteurs du tourisme en général, le moratoire accordé par l’Etat ne constitue pas une solution. «Dans l’hypothèse où la situation se décante au début Novembre 2020 et que l’hôtel Colbert ouvre ses portes, il faudra re-desinfecter, nettoyer, et s’approvisionner en divers produits comme pour ouvrir un nouvel hôtel. Huit mois de fermeture, ça va être compliqué et difficile avec en plus les impôts et les factures de la Jirama à régler. Il faudra un fonds de roulement pour pouvoir avancer » indique Eric Koller.

Claudia R.

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