KRAOMA : Les employés sombrent dans le désespoir

L’ancien dirigeant de l’entreprise Kraomita Malagasy a laissé une dette de 101 milliards d’Ariary avec une perte conséquente de 39 milliards d’Ar. La société russe Ferrum Mining a également cessé de s’acquitter de ses obligations salariales depuis novembre 2019. La crise sanitaire ne fait qu’empirer la situation alarmante dans laquelle se trouvent les employés de l’entreprise.

Les difficultés rencontrées par les employés de la Kraomita Malagasy (KRAOMA) ont surgi bien avant la crise sanitaire. Au titre de cette année, ils n’ont pas encore perçu de salaire. «Pour nous, l’année 2020 c’est plutôt 20 – 20 = 0. Zéro paie, zéro prise en charge, zéro considération de la part de nos dirigeants», se désole Dina Andrianirina, porte-parole des salariés de KRAOMA.
A titre de rappel, ils sont plus de 400 employés à être basés à Brieville, District de Tsaratanana, site d’exploitation de cette compagnie minière. Depuis peu, le quartier dit Zone 1 a été baptisé « La Réunion Kely » par les riverains. Cette place s’apparente désormais à une allée marchande de vide-grenier où les employés de KRAOMA bradent leurs biens (meubles, fer à repasser, décodeur Canal+, panneaux solaires, appareils électroménagers….). « Le domicile d’un des employés est presque vide. Il a pratiquement tout bradé, hormis le lit, la marmite et des ustensiles ainsi quelques effets personnels », confie notre interlocuteur.
Faute de ressources leur permettant de survivre, les employés de la KRAOMA sont contraints de chercher d’autres activités génératrices de revenus. Les uns travaillent dans des rizières. D’autres entreprennent des exploitations artisanales de pierres ou d’or. Des femmes salariées ont démarré des potagers en vue de monnayer, d’ici peu, les maigres récoltes. Dina Andrianirina soutient par ailleurs que « les employés devraient pouvoir bénéficier des actions sociales telles que Vatsy Tsinjo, Tosika Fameno. Avec la crise sanitaire, il n’y a encore aucune visibilité quant à la reprise des activités de la KRAOMA ».
La possibilité pour les employés du secteur privé de contracter un prêt de la CNaPS, équivalent à un mois de salaire, devrait constituer une solution à court terme. Toutefois, les salariés de Kraomita Malagasy restent dubitatifs par rapport à ce prêt. « Des irrégularités sont constatées quant aux règlements de nos cotisations mensuelles auprès de la CNaPS. Le dernier versement remonte sans doute à Mars 2016. Dans ce cas, pourrions-nous bénéficier de ce prêt ? » s’interrogent les employés de KRAOMA. Dans l’hypothèse où le prêt est accordé et versé dans le compte bancaire des employés, « nombreux sont ceux qui ont déjà des prêts bancaires et le peu qui y sera versé [Ndlr :le prêt de la Cnaps]sera certainement prélevé automatiquement par la banque pour remboursement ».
Les employés ont interpellé le président Andry Rajoelina à maintes reprises pour voir de près les difficultés auxquelles ils sont confrontés. «Je ne crois pas que le Président laisserait sciemment les salariés dans l’agonie. Je ne crois pas que le Président n’ait pas entendu l’appel des salariés et j’attends avec confiance que l’Etat réagisse enfin », conclut notre interlocuteur.

Claudia R.

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