Lantosoa Rakotomalala : Priorité à l’industrialisation des Régions

Dans le domaine de l’entrepreneuriat, Lantosoa Rakotomalala, actuelle ministre de l’Industrie, du Commerce et de l’Artisanat (MICA) n’est plus à présenter, ayant plusieurs cordes à son arc. Lors d’une interview accordée à la Rédaction, elle a bien voulu toucher un mot sur son parcours et sur les priorités du ministère dont elle a actuellement la charge.

– Ma-LAZA : Nommée membre du gouvernement Christian Ntsay il y a un peu moins d’un mois, pourriez-vous nous retracer brièvement votre parcours ?
– Lantosoa Rakotomalala : Expert-comptable de formation, agent local et international en entrepreneuriat, je suis également spécialisée dans les dispositifs d’accompagnement. J’ai travaillé à la Banque Mondiale, à la Francophonie… En tout j’ai travaillé dans 15 pays. J’avais un fil conducteur dans mon métier, « l’entrepreneuriat ». Dans tous les métiers que j’ai assumés à travers le monde, il y avait toujours une dimension entrepreneuriale sous toutes les formes : financement, appui aux PME, lancement d’incubateur. Même au Canada où j’ai vécu pendant 10 ans, j’ai travaillé dans un centre d’entrepreneurship HEC Montréal. J’ai travaillé longtemps également dans le secteur technologique pour montrer comment démarrer un startup technologique, élaborer le montage financier, et faire la traversée du désert lorsqu’on démarre un startup et tout projet innovant (…).

– Ma-LAZA : Vous êtes actuellement à la tête du ministère de l’Industrie, du Commerce et de l’Artisanat. Quels sont les principaux enjeux de la fusion de ces trois départements. Et partant, quelles sont vos priorités ?
– Lantosoa Rakotomalala : La fusion de ces trois départements au sein d’un même ministère répond exactement à notre dynamique actuelle de relancer le secteur privé, de manière coordonnée. En amont, l’industrialisation de Madagascar est une priorité des priorités dans le plan d’action du gouvernement de cette année. La création d’industrie dans toutes les Régions de Madagascar de manière inclusive est une dimension sur laquelle nous nous appuyons beaucoup. Dans nos priorités, nous avons également opté pour la production locale de tout ce qui est besoin de la population à Madagascar. Comme nous importons beaucoup de PPN, nous avons un défi de les produire à Madagascar. Nous sommes capables de produire du sucre, du lait et de la farine et avoir une grande capacité de riziculture. Nous allons également promouvoir le « vita malagasy », le « consommer malagasy », ce qui constitue une jonction entre l’industrie et le commerce. La fusion de ces départements interdépendants permettra de fluidifier l’échange d’informations. La stratégie doit être arrimée pour parvenir aux résultats fixés.
L’artisanat aussi fait partie du secteur privé. Un artisanat, c’est quelqu’un qui crée sa propre activité économique, mais nous voulons aller au-delà de cette détermination-là. Nous voulons que le secteur de l’artisanat de Madagascar dépasse le seuil de l’artisanat pour passer à une TPE, voire, une PME et avoir une capacité de production, des normes et un statut. Actuellement, l’artisan ne dispose pas de réel statut. Il y a 13 secteurs de métiers au niveau de l’artisanat. C’est un défi majeur au sein du ministère de pouvoir créer ce statut de l’artisan.

– Ma-LAZA : Le SIM revendique la sortie du décret d’application de la Loi sur le Développement Industriel à Madagascar. Qu’en est-il ?
– Lantosoa Rakotomalala : Des efforts de concertation ont été menés pour aboutir à la LDIM. Cette loi implique la création de plusieurs structures qui vont soutenir l’industrialisation à Madagascar, à savoir, l’Agence Nationale de Développement de l’Industrie ANDI, le Fonds National de Développement de l’Industrie FNDI ainsi que les Zones d’Investissements Industriels. La mise en place de ces différentes structures va s’étaler dans le temps, nous, nous allons le faire de manière prioritaire.

– Ma-LAZA : Récemment, un lot important de crème chantilly périmée a été saisi. Pouvez-vous citer des mesures que vous allez prendre dans le cadre de la protection des consommateurs?
– Lantosoa Rakotomalala : Notre ministère veille à la protection des consommateurs. Nous allons instituer une normalisation que ce soit pour les produits qui entrent ou pour ceux qui sont exportés. Aussi bien les importateurs que les exportateurs doivent connaitre les normes. La transparence va être un élément-clé de notre département. Il manque de transparence au niveau des procédures. C’est aussi le rôle du ministère d’éduquer les consommateurs à bien lire l’étiquette d’un produit, par exemple. Il faut lutter contre les fraudes, les importations illicites. On va retracer le circuit des marchandises. Je ne vais pas fléchir.

– Ma-LAZA : Lors du dernier conseil des ministres, une communication sur la mise en place du programme national de l’entrepreneuriat « Fihariana » a été faite. Quel est l’enjeu d’un tel programme ?
– Lantosoa Rakotomalala : Nous mettons l’ambition entrepreneuriale des Malagasy en action. Avec « Fihariana » comme son nom l’indique, les jeunes vont participer à la création d’un tissu entrepreneurial important à Madagascar. On touche tous les secteurs d’activité à travers «Fihariana». Lorsqu’on appuie les entrepreneurs, il y a le volet renforcement de capacité, l’accès à l’information, l’accès au marché ainsi que l’accès au financement. Ce sont les quatre axes prioritaires quand on lance un vaste programme d’entrepreneuriat, comme Fihariana. L’aspect financement n’est pas le seul enjeu quand on démarre une entreprise. Il y a tout l’aspect préparation en amont et préparation des entrepreneurs même à leur rôle , renforcer la capacité de devenir plus visionnaire en ayant de l’audace, de la persévérance…toutes les qualités pour relever le défi de l’entrepreneuriat.

-Ma-LAZA : Quel serait votre mot de la fin ?
– Lantosoa Rakotomalala : Nous sommes à une phase de tournant économique important pour Madagascar. Il faut profiter de cet élan de bonne volonté politique pour croire que Madagascar va vivre un grand et un véritable changement dans les années à venir. Il faut être patriotique dans cet élan.

Propos recueillis par Claudia R.

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