Liberté de la presse : Reporters Sans Frontières dénonce

Reporters Sans Frontières dénonce une entrave au travail des journalistes à Madagascar. « Ces derniers mois, RSF a reçu plusieurs signalements inquiétants concernant l’exercice du journalisme à Madagascar. Les pressions, intimidations et menaces se sont multipliées pour tenter de contrôler la communication publique autour de certains sujets, notamment celui de l’épidémie de Covid-19 » mentionne RSF dans un communiqué publié hier.
En avril, RSF avait dénoncé l’utilisation par les autorités de l’état d’urgence sanitaire pour justifier l’interdiction d’une dizaine d’émissions politiques à titre préventif, au motif qu’elles étaient “susceptibles de troubler l’ordre et la sécurité publiques et nuire à l’unité nationale”. La décision interministérielle, avait finalement été annulée quelques jours plus tard.
Reporters sans frontières dénonce également «la cabale » contre une journaliste indépendante à l’origine de révélations embarrassantes pour les autorités confrontées à une famine importante. “Nous dénonçons avec la plus grande fermeté les tentatives grossières et mensongères de discréditer le travail de cette journaliste, en utilisant des victimes du changement climatique et l’antenne de la télévision nationale pour propager de fausses informations et s’en prendre à elle. Cette campagne de dénigrement discrédite ceux qui en sont à l’origine. Elle est également irresponsable car elle aurait pu mettre en danger la sécurité de cette journaliste reconnue pour son sérieux et son professionnalisme » déclare le responsable du bureau Afrique de RSF, Arnaud Froger.
« Depuis plus d’une semaine, Gaëlle Borgia, correspondante de France 24, de TV5 Monde et de l’AFP à Madagascar, installée depuis plus de dix ans dans le pays, et lauréate du prix Pulitzer pour son enquête sur l’ingérence russe dans la présidentielle malgache de 2018, fait l’objet d’une campagne destinée à la discréditer à la suite d’une vidéo postée sur son compte Facebook le 21 juin» mentionne RSF dans son communiqué. La vidéo montre des habitants mangeant des « chutes de cuir » issues de la peau de zébu, normalement utilisée pour fabriquer des sandales. La séquence a rapidement fait le tour de la toile. Et a provoqué des réactions en chaîne. La chaine de télévision nationale a diffusé un reportage mettant en scène les même témoins que Gaëlle Borgia. Cette fois, ils expliquent, tour à tour, avoir été achetés par la journaliste pour manger du cuir et que les habitants “prendront des mesures si de tels comportements se répètent.” Dans une nouvelle vidéo tournée et diffusée par la journaliste, ces mêmes témoins ont par la suite reconnu avoir été menacés par des hommes armés de couteaux et reçus de l’argent afin de faire ces déclarations contre elle.

Recueillis par Velo Ghislain

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