Lutte contre le kere : La Banque Mondiale demande des éclaircissements sur le CCOK

Les partenaires techniques et financiers et représentants des corps diplomatiques ont été présents lundi dernier au lancement de « l’appel éclair » face à la situation de sècheresse et de famine qui frappe le Sud du pays. En marge de cet évènement, Marie-Chantal Uwanyiligira, responsable des opérations de la Banque Mondiale pour Madagascar, a bien voulu répondre à quelques questions de la rédaction.

Ma-LAZA : Vous avez posé des questions concernant le Centre de Commandement Opérationnel contre le Kere CCOK. Etes-vous inquiète par rapport à la mise en place de cette structure ?
Marie-Chantal Uwanyiligira : Ce ne sont pas des inquiétudes mais plutôt des demandes d’éclaircissements par rapport au rôle du BNGRC, la structure nationale chargée de gérer les urgences dans le pays au sein de ce centre. Le gouvernement nous a bien expliqué que le CCOK ne remplace pas le BNGRC mais vise à améliorer la coordination étant donné la multitude d’interventions et d’intervenants dans le Sud actuellement. Nous sommes donc rassurés que le CCOK n’a aucune intention de remplacer une structure pérenne telle que le BNGRC et que le CCOK, à l’instar du Centre de Commandement pour le COVID-19, est plutôt temporaire pour répondre à la nécessité de coordonner les multiples acteurs. La Banque Mondiale continuera à travailler avec le gouvernement pour renforcer les capacités du BNGRC pour en faire une institution efficace pour gérer les situations de crise telles que la sécheresse dans le Sud actuellement.

Ma-LAZA : Que pensez-vous des mesures qui ont été prises jusqu’ici en réponse à la famine dans le Sud ?
Marie-Chantal Uwanyiligira : Nous saluons tout d’abord les efforts du gouvernement pour faire face et résoudre la sécheresse dans le Sud. Nous constatons que le gouvernement tout entier se mobilise pour apporter des solutions. C’est une bonne chose à la fois pour le court mais aussi pour le long terme car une telle mobilisation est primordiale pour adresser les problèmes récurrents du Sud, et surtout pour changer de paradigme : ne plus se focaliser sur l’approche humanitaire mais aller vers une approche de développement. Les crises comme l’insécurité alimentaire sont anticipables et il est possible d’agir en amont pour les éviter. C’est d’ailleurs l’esprit du nouveau projet MIONJO, approuvé fin décembre par la Banque mondiale pour soutenir le développement et la résilience des régions du Sud dont une bonne partie sera consacrée à la mise en place d’infrastructures d’eau aussi portable qu’irriguée. Ensemble, nous pouvons certainement prévenir qu’une telle situation qui revient périodiquement, presque chaque année dans le Sud ne se reproduise plus. Pour la Banque Mondiale, outre le financement de MIONJO qui vise un développement à long terme, en réponse à la crise actuelle, nous avons déjà investi près de 13 millions de dollars en transferts monétaires pour les ménages les plus vulnérables et nous sommes en train de mobiliser des fonds supplémentaires pour accompagner les efforts du gouvernement et des partenaires pour le programme du WASH, y compris la facilitation à l’accès à l’eau potable. Etant donné le sens aigu de la sécheresse, nous allons également examiner la possibilité de mobiliser des fonds d’urgence pour répondre à la sécheresse et éviter une perte de la prochaine saison agricole qui est actuellement à risque.

Ma-LAZA : On attend actuellement la présentation du Plan pour l’Emergence de Madagascar. Une rencontre avec les partenaires techniques et financiers est prévue. Selon vous, quels sont les enjeux du PEM ?
Marie-Chantal Uwanyiligira : C’est plutôt une question qui s’adresse au gouvernement. Mais pour une institution comme la nôtre qui accompagne Madagascar et sa population vers le chemin du développement, le PEM est un document fondamental qui nous permettra de nous aligner sur les priorités de l’Etat. Le dernier rapport économique que nous avions lancé en décembre établit que, comme le reste du monde, Madagascar a été fortement touché par la pandémie du coronavirus. Dans ce contexte, le PEM devient encore central et permettra au gouvernement et à ses partenaires d’articuler les stratégies et interventions prioritaires pour atténuer les impacts négatifs de la pandémie de COVID-19, relancer l’économie et remettre le pays sur le chemin de l’émergence, comme l’indique le nom du document, plus fort et plus résilient. Cela nécessite des stratégies de court, moyen et long terme – telles que les programmes sociaux, les programmes de relance des activités économiques, l’appui au secteur privé et les programmes d’infrastructures. Et ces stratégies et programmes devraient être retracés dans le PEM pour remettre Madagascar sur les rails après la pandémie de COVID-19 et aller au-delà du redressement pour retrouver le chemin de l’émergence.

Propos recueillis par Claudia R.

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