Météo politique : Cyclone en vue
Pour le Président de la République, Madagascar n’est pas suspendue à la seule nomination du Premier ministre. Il informe tout le monde de ses intentions. Il veut de la stabilité, de la réconciliation. Mais on ne fait pas d’omelette sans casser les œufs…
Depuis son investiture, le Chef de l’Etat s’est rendu à Antsiranana pour l’installation du nouvel archevêque catholique, à Toliara pour le démarrage d’un important chantier socio-économique en partenariat avec la Banque mondiale, à Addis-Abeba (UA/Ethiopie) pour le retour de Madagascar dans la grande famille internationale et africaine, marquant la fin de l’isolement.
Les sanctions internationales ont causé beaucoup de mal au pays. Il était également à Nosy-Be pour annoncer le début d’un vaste projet touristique : Nosy-Be est choisie comme site pilote. Une grande opération de réhabilitation aérienne, portuaire, hôtelière, médiatique et sécuritaire, a été entamée. Le Président Hery Rajaonarimampianina fait du tourisme un des premiers piliers de la relance économique.
Les professionnels de ce secteur pensent qu’il faut drainer chaque année, non pas 600 000, mais des millions de touristes. C’est ce qui est arrivé à Maurice ou au Kenya. Cela suppose une grande réhabilitation des infrastructures d’accueil et de tous les sites existants. Nosy-Be est classée 8ème île du monde. Or, à Madagascar, il existe d’autres sites aussi attrayants. Voire plus.
L’autre débat est la promotion d’une grande stratégie de communication à l’échelle mondiale pour casser l’image d’une Madagascar arriérée, instable et à la merci des bandits et des trafiquants.
ILS N’ONT PAS LE TIERS DE NOS RESSOURCES NATURELLES
L’Afrique du Sud ou le Kenya ne sont pas des références en matière de sécurité, de santé publique. Les Seychelles et l’île Maurice ne disposent pas d’un tiers de nos ressources naturelles. La Thaïlande n’a pas autant de belles plages que Madagascar. Mais le tourisme dans ces pays s’est développé de manière incroyable. Le Maroc n’a pas les potentialités naturelles que nous, mais ce pays vise des millions de touristes cette année.
Tout cela nécessite un travail de grande ampleur également au niveau de la formation des tours opérators et autres professionnels concernés. Notamment, au niveau de la desserte aérienne. Cela se conçoit aussi en termes de coût de la destination Nosy-Be ou Madagascar.
Le Président de la République a effectué une visite de travail à Toamasina. C’est le premier port de Madagascar. Il faut que ce port soit, maintenant, plus que concurrentiel dans l’Océan Indien. La réhabilitation du port de Toamasina est un défi incontournable face à la concurrence des autres ports, soit dans le Canal de Mozambique, soit dans l’Océan Indien. Yachts, paquebots, bateaux de plaisance… le tourisme en haute mer est de nouveau à la mode. Le port de Toamasina devrait être capable de répondre à cette demande.
Le Président a profité de sa présence dans la Capitale du Betsimisaraka pour expliquer encore sa position à propos de la nomination du Premier ministre. Rien ne sert de discourir, il faut partir à point à ce sujet. Il a nommé des nouveaux membres de la HCC. Et, visiblement, une autre procédure sera envisagée dans la légalité, bien sûr, et d’ailleurs, la session extraordinaire de l’AN s’est achevée dans la confusion et dans un bras de fer entre la PMP et le MAPAR.
MISE EN CONFIANCE DES INVESTISSEURS EN PLACE
L’autre fait marquant est le retour de la confiance des investisseurs étrangers. C’est le cas de Sheritt. Cette multinationale, installée à Madagascar, a eu chaud et froid avec le régime de la Transition. On a voulu presque la racketter, mais le message du Président est clair : nous sommes partenaires, nous travaillons ensemble, mais vous, faites des choses pour les populations riveraines. Pour le cas de Toamasina, Sheritt devrait contribuer à résoudre le problème du délestage.
La reprise en main du Président de la République, la guerre contre les trafiquants qui commence à porter ses fruits et qui va toucher des gros bonnets et certains élus, ont eu un gros impact sur le monde politique et celui des affaires. Aucune protection possible : la transition a rangé son parapluie. Et nous entrons dans une autre saison annoncée par la météo politique comme orageuse avec un «grand cyclone» qui s’annonce (des grosses têtes sont interdites de sortie du territoire). Son œil était localisé au large de Fenérive-Est. Mais une autre dépression tropicale s’est levée dans le Canal de Mozambique, près de Zanzibar. Il y eut 18 victimes, tous des trafiquants, malchanceux même s’ils ont touché du bois… de rose.
«Nous aurons un Premier ministre à temps », dit-on à la Présidence. « On ne peut pas s’astreindre à la va vite. Et cela correspond à l’esprit de l’article 54 qui ne mentionne aucun délai. On réfléchit. Pour ne pas le révoquer dans 3 ou 6 mois. Il faut raisonner à long terme. Il faut un Premier ministre qui est en phase avec le Président de la République ». Mais comme le pays ne peut pas attendre et qu’il doit exister et fonctionner, Hery Rajaonarimampianina travaille avec le gouvernement sortant. Omer Beriziky et ses ministres l’ont compris. A l’exception de deux ou trois ministres que l’on sait très proches de Rajoelina.
E.A