Octroi de contrat public : La Banque mondiale dénonce “les cadeaux”

Octroi de contrat public : La Banque mondiale dénonce “les cadeaux”

La Banque Mondiale a réalisé une enquête sur la corruption auprès de 530  entreprises à travers tous les centres urbains de Madagascar vers fin 2013, début 2014. Les résultats ont été publiés récemment et Coralie Gevers, Country Manager de la Banque Mondiale en a touché mot au cours de la célébration de journée mondiale de lutte contre la corruption le 09 Décembre dernier.

L’enquête réalisée par la Banque Mondiale auprès de 530 entreprises à Madagascar montre un niveau très élevé de corruption. 45% des entreprises à Madagascar s’attendent  à donner un cadeau pour obtenir un contrat public, contre 32% des firmes en Afrique et 25% dans les pays en développement, selon les précisions apportées par Coralie Gevers, Country Manager de la Banque Mondiale.
43% des firmes se disent prêtes à offrir des présents aux officiels pour faire avancer les choses. Pour l’Afrique en moyenne, cette statistique est de 27%. Par ailleurs, 32% des firmes  s’attendent aussi à offrir des pots de vin durant leur réunion avec les officiels de l’administration fiscale compa­rée à 17% en Afrique et 13% dans les pays en développement.
Malgré ce taux élevé de corruption, 30% des firmes avancent que la corruption constitue une des contraintes majeures auxquelles elles font face. Cela peut-être interprétée de différentes manières, note la Country Manager de la Banque Mondiale. Soit il y a beaucoup de contraintes  notamment  l’instabilité politique, l’insécurité, l’élec­-
tricité… et la corruption passe derrière ou encore cela est lié à  l’esprit  fataliste du malgache qui se dit qu’il s’agit d’un système, c’est comme ça et on va vivre avec.

La corruption, un système

«Le mot système c’est vraiment ce à quoi nous faisons face. Ce n’est pas qu’il y a d’un côté les politiciens et les hauts fonctionnaires qui tendent la main pour  demander une contribution, et  de l’autre côté les firmes qui sont obligées de contribuer. On sait aussi qu’il y a des entreprises qui sont très favorables pour payer parce que cela leur arrange bien, leur donne des avantages de position préférentielle sur le marché». Selon les précisions de Coralie Gevers, des firmes s’arran­gent pour que leurs concurrents n’aient pas les mêmes avantages. Cela leur donne accès à des contrats publics, voire des contrats de gré à gré et cela leur permet de contourner les règles que ce soit au niveau de la douane ou  pour obtenir des permis quelconque ou autres.

Suggestions

La première chose à faire pour le secteur privé c’est de s’assurer que sa propre maison soit en ordre et cela commence par une bonne gouvernance d’entreprise.
Le deuxième aspect est de clarifier les règles et les responsabilités pour les employés.  Certaines entreprises font faire une formation aux employés, d’autres associent un code d’éthique ou mettent en place un numéro vert pour qu’on puisse appeler et formuler une plainte. D’autres mettent en place des procédures d’enquête et de sanction.
Il est également possible de s’associer à d’autres entreprises qui partagent les mêmes principes de bonne gestion ou de se fédérer. Il importe aussi de s’engager avec les institutions d’État et les administrations qui veulent participer au changement.  Les fonctionnaires ne forment pas un bloc monolithique, il y a ceux qui travaillent aussi diligemment que possible et des administrations qui font un effort conscient afin de réduire la corruption et d’améliorer leur performance. Dans de nombreux pays, cela passe par la simplification des procédures, en limitant les interactions grâce à l’utilisation des technologies modernes.

Soutien de la Banque Mondiale

La Banque Mondiale essaie de soutenir les réformes dans le domaine de la fiscalité et de la douane. Comme il y aura toujours des cas de corruption, il faut mettre en œuvre un système d’investigation et de sanction. A Madagascar on a entre autres le Bianco, le Samifin et l’expérience des autres pays montre que ces institutions ne peuvent réussir pleinement leur mission que si elles sont soutenues à tous les échelons de l’Etat. «Leur tâche est difficile et très souvent ingrate, il leur faut des moyens financiers à la hauteur de leur mission ainsi qu’un cadre légal adapté, raison pour laquelle la Banque Mondiale soutient leurs efforts», a conclu Coralie Gevers.

 C.R

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