Pétroliers : Un gap de 35 milliards Ariary

Pétroliers : Un gap de 35 milliards Ariary

#Une hausse continue du prix du carburant est constatée dans le monde depuis le dernier trimestre 2017. Comme Madagascar est un pays importateur de pétrole, le prix à la pompe dépend non seulement du prix du brut à l’international, mais aussi du taux de change. Le lissage des prix appliqué entraîne ainsi des gaps pour les pétroliers.

Actuellement, les prix à la pompe se situent à -372Ar/L TTC au dessous de la vérité des prix. Eu égard à ce gap de prix, les distributeurs pétroliers subissent des difficultés financières qui se chiffrent à Ar 35 milliards en avril 2018. Cette dette de l’Etat vis-à-vis des pétroliers augmente au fur et à mesure que ce gap de prix n’est pas résorbé. Ce passif sera, pourtant tôt ou tard, acquitté. Compte tenu des paramètres définissant le prix et la pompe et malgré la baisse des marges subies par les compagnies pétrolières à partir de janvier 2018, les prix des carburants à Madagascar devaient subir une hausse cumulée de +698Ar/L TTC d’octobre 2017 à juin 2018 de source auprès de l’Office Malgache des Hydrocarbures – OMH. Une autre source nous indique que les pétroliers ont réalisé des profits en septembre 2017 quand le prix du baril était à 45 USD. Depuis, le prix du baril a augmenté de 60%, ce qui n’est pas le cas pour le prix à la pompe à Madagascar dont le gasoil affiche le prix le plus bas de la région.
C’est dans le souci de préserver, autant que possible, le pouvoir d’achat des consommateurs que l’Etat, en collaboration avec les pétroliers a mis en œuvre un système de lissage des prix amortissant l’impact sur les prix à la pompe, de l’évolution des paramètres internationaux. Le prix actuel ne reflète donc pas le prix réel.
En fin mars dernier, à l’issue d’une mission du service du Fonds Monétaire International, il a été déclaré «Dans le contexte des discussions avec les pétroliers sur la nouvelle structure des prix à la pompe, l’ajustement des prix due à la hausse des prix mondiaux a été retardé. En conséquence, des engagements de l’Etat envers les distributeurs de carburants ont été accumulés. Les services du FMI conseillent les autorités d’ajuster progressivement les prix à la pompe pour les aligner sur les prix mondiaux avec l’objectif d’éliminer ces engagements d’ici la fin de l’année». Si certains observateurs estiment que si le prix à la pompe a été maintenu au début de ce mois de juin, c’est pour des raisons politiques afin éviter de créer davantage de tension au pays, d’autres avancent que cela ne fera qu’augmenter les engagements de l’Etat si bien que le nouveau gouvernement qui verra le jour incessamment héritera des arriérés considérables. Si les difficultés financières auxquelles les pétroliers font face se poursuivent, ils risqueront également à avoir des difficultés pour importer les produits pétroliers, faute de trésorerie, alors que ce sont eux qui assurent l’approvisionnement du pays. Des solutions s’imposent pour éviter d’en arriver là.

C.R

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