Point de vue : A l’ère numérique, infos et intox se répandent très vite

« Le Premier ministre a jeté l’éponge, il a démissionné de son poste». On y a bien cru, certains médias locaux avaient même relayé l’intox, jusqu’à ce que la Primature donne officiellement sa version, démentant ainsi les rumeurs. « Les autorités, sous la houlette du président de la République, travaillent et s’attèlent à trouver des solutions en faveur de la population » a même déclaré le Chef du gouvernement lors d’une visite effectuée dans l’Atsimondrano le week-end dernier.
Rumeurs et « infox », des phénomènes vieux comme le monde, mais jamais aussi massivement et aussi rapidement propagés qu’à l’heure des réseaux sociaux. Les contrevérités et peurs circulent à grande vitesse à l’ère du tout numérique, aujourd’hui probablement plus qu’hier. Avec des milliards d’utilisateurs actifs dans le monde et les malgaches ne sont pas en reste, il constitue une force de manipulation jamais égalée.
Dans un climat de scepticisme généralisé, où la confiance dans les institutions et l’élite politique est de plus en plus fragilisée, les informations trompeuses s’invitent dans le débat public, nourrissent les théories du complot, s’exprimant parfois à travers des propos haineux. Les internautes de tous bords, aussi bien les détracteurs du pouvoir que les pro-régimes, s’en servent avec délectation. Du jamais vu. Nous n’avons plus, ou quasiment, de certitudes quant à la réalité, nous ressentons un manque de repères et cela ne peut qu’avoir des conséquences incontrôlables.
Le contexte politique actuel ne manque pas d’envenimer les choses et la tension est palpable. Après une crise sanitaire suivie d’une crise économique provoquant une crise sociale, une crise politique s’annonce. Une journée « récréative » à Imerikasinina est facilement considérée comme une tentative de soulèvement populaire. Les forces de l’ordre ont été massivement mobilisées et disposées à assumer leurs responsabilités en cas d’éventuels débordements. Face à ce schéma, l’Etat n’entend pas se laisser marcher sur les pieds d’autant que sur ces fameux réseaux sociaux l’opposition a multiplié les provocations ces derniers temps.
Dans sa déclaration, le Premier ministre a lancé une sévère mise en garde contre les fauteurs de troubles et tous ceux qui propagent des fausses nouvelles. Les « rumeurs » font même état d’éventuelles arrestations…

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