Point de vue : Aller aux urnes

Aller aux urnes

Rassurez-vous. Les prochaines élections n’auront lieu chez nous qu’en 2018, sauf cas de force majeure. Néanmoins, certaines associations et plateformes politiques réclament dès maintenant des élections présidentielles  anticipées en raison de la situation politique, économique et sociale tendue à Madagascar.
Pour ces plateformes politiques, les dernières élections présidentielles ont été tronquées du fait que l’élu, bien qu’il ait bénéficié de leur soutien, leur a tourné le dos. Pour eux, il y a maldonne, d’autant plus que le pays, au lieu d’avancer, a reculé. Soit.
Mais qui peut garantir que des élections qui devront avoir lieu sortira un élu qui soit meilleur que son prédécesseur ? Qui dit qu’il ne sera pas aussi mal élu ? Qui dit qu’avec les conditions actuelles de surenchères et de dénigrements, les élections se dérouleront dans des circonstances apaisées permettant aux électeurs d’élire le candidat de leur choix ?
Le taux de participation aux élections, ces dernières années, avait du mal à dépasser la moyenne : 50% et quelques poussières. Ce qui fait que presque la moitié des électeurs ne se sont donc pas prononcés. Pourquoi cette paresse électorale ?
Les raisons sont diverses et nombreuses. Mais la principale est le ras-le-bol des électeurs de la pratique politique à Madagascar. Les politiciens ne servent pas l’intérêt commun mais se servent de leur statut pour s’enrichir, une fois au pouvoir. La réaction populaire est de ne pas aller aux urnes pour  signifier qu’elle ne cautionne pas le candidat élu.
Pour inverser la tendance, à défaut de ne pas pouvoir changer la pratique politique à Madagascar, les bailleurs de fonds qui sont si pointilleux en matière de bonne gouvernance et de lutte contre la corruption devront cette fois-ci financer des projets de sensibilisation incitant les électeurs à aller voter. Ils doivent inculquer aux électeurs malgaches la culture de la participation citoyenne à la vie de la nation dont le premier élément est de s’exprimer au moyen des élections.  L’objectif est d’atteindre au moins 70 à 75% de taux de participation.
Ceci pour éviter l’appropriation par ces mêmes politiciens de la voix de la majorité silencieuse. Qu’ils ne disent pas qu’ils sont les représentants du peuple (vahoaka) alors même qu’ils ne représentent qu’eux-mêmes, mais avec une certaine agressivité qui induit souvent en erreur. Ils appellent à la grève, posent des ultimatums, et usent d’un populisme qui convainc leurs partisans avant que ceux-ci ne se rendent compte de la supercherie et de la ruse politique. Nous sommes passés par là en 2009. Pour éviter de rééditer l’histoire, prenons des mesures avant… d’aller aux urnes.

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