Bonnes négociations et bons partenariats
Le pays n’arrive pas à décoller. Les raisons sont multiples. En premier lieu, nous manquons d’argent. Il faut négocier, à la limite quémander, car l’ariary, seul, ne suffit pas. Il faut de l’argent de l’extérieur. Et cela provient de dons et d’emprunts. Emprunts signifient que l’Etat engage le pays tout entier car il faut rembourser les dettes contractées fussent-elles à taux concessionnel. En clair, nul besoin d’applaudir et de crier victoire lorsqu’un accord de financement est trouvé. Il s’avère complètement déplacé de chanter et de se mettre dans la joie lorsque l’on sait qu’il s’agit d’une dette. Et bien plus, non seulement il faut la rembourser, mais une dette en cache une autre : la dette morale.
Un petit pays, comme Madagascar, déjà classée parmi les plus pauvres du monde, perdra encore son poids et sa crédibilité tant que son développement dépendra des financements extérieurs. On sait qu’un prêt est sujet à des conditionnalités. Et très souvent, celui qui emprunte a recours à l’hypothèque. Lorsqu’un régime emprunte, il hypothèque directement ou indirectement le pays. Car le créditeur a besoin de garanties. En bonne et due forme. C’est le rôle du FMI d’apposer ce sceau de garantie. Lorsque le FMI signe un accord avec un pays, ce pays est solvable. Il peut… emprunter et on peut lui faire un prêt. Pendant une cinquantaine d’années, Madagascar fonctionne dans ce cercle infernal et vicieux de l’endettement.
On comprend pourquoi la parole d’un coopérant expatrié d’Institutions internationales est plus écoutée que celle d’un ministre ou d’un haut responsable de l’Etat.
On comprend pourquoi la Communauté internationale, même sans le vouloir, est prompte à donner des leçons. Et des conseils. Alors qu’elle aussi est, en partie, responsable étant donné que tous les projets et les décisions prises passaient sous leurs fourches caudines.
Les exemples des pays émergents comme l’Inde, le Brésil et des pays africains qui commencent à réussir nous invitent à la réflexion. Moins la Communauté internationale intervient, plus ces pays arrivent à marquer des points. Cela ne signifie pas qu’elle est devenue inutile. Bien au contraire. Mais tout est maintenant question de négociations. De bonnes négociations pour de bons partenariats. Et cela suppose de la part des négociateurs, qu’ils soient du public ou du privé, de bonnes capacités, une bonne moralité car il faut mettre un terme au principe inique d’une « Madagascar pays à vendre. »