Point de vue : La capitale du « kere »

La capitale du « kere »

De mémoire de tananarivien, la sécheresse n’a jamais été aussi grave que cette année sur les hauts-plateaux malgaches. La dernière forte pluie qui soit tombée sur la capitale date d’une dizaine de jours. Et pourtant, elle n’a été qu’une goutte d’eau dans l’océan des besoins de la capitale et de ses environs qui voient ses sources taries, ses rizières craquelées et ses lacs à sec. Encore heureux que Mandroseza soit encore à un niveau pas encore dramatique sinon en plus des délestages, les tananariviens souffriront également du manque d’eau.
Une situation prévisible due à la dégradation progressive de l’environnement malgache. Les feux de brousse, les érosions massives et plus généralement le changement climatique commencent à faire leur effet. Bientôt, les tananariviens seront condamnés au rationnement de l’eau si aucun cyclone ne pointe à l’horizon. Car, selon les météorologistes, les prochaines grosses pluies normales en cette saison ne seront pas pour bientôt. Ils prévoient néanmoins trois ou quatre grosses dépressions dont la première formation est attendue dans l’Océan Indien d’ici quelques jours. Mais ce n’est qu’une prévision. Ils s’étaient d’aileurs déjà trompés en annoncant de grosses averses lundi sur les hautes terres.
Quelles sont les solutions ? Dans l’immédiat, aucune. Sinon multiplier les tentatives de faire tomber de la pluie artificielle qui nécessitent toutefois des conditions particulières, comme la formation de cumulo-nimbus. Dans le court terme, Tana doit toujours souffrir des coupures de courant. Dans le long terme, elle doit procéder à une transformation radicale de ses habitudes face à l’usage de l’eau. Car le tarissement des sources qui alimentent la ville se généralise, selon les spécialistes. La ville pourrait devenir désertique à l’image du Sahel si des mesures ne sont pas prises dans l’immédiat. Elle aurait ces squelettes ambulants et ces luttes acharnées pour avoir un verre d’eau, des scènes habituelles lors des phases de grande sécheresse dans cette région d’Afrique.
L’Etat doit modifier sa politique énergétique et environnementale pour espérer un retour suffisant de l’eau dans les réservoirs autour de la capitale. Sinon Antananarivo serait également, dans les mois et années à venir, la capitale du « kere »

Imprimer Imprimer

Ce contenu a été publié dans Ma-LAZA. Vous pouvez le mettre en favoris avec ce permalien.

Les commentaires sont fermés.