Point de vue : La valse des prix du riz

Elle est loin l’époque ou le riz se s’achetait à 30 ariary le «kapoaka», cette petite boite de lait concentré de 350 grammes qui fait office d’unité de mesure sur les marchés locaux. On regrette cette époque où, avec de quelques pièces de monnaie (qui malheureusement s’utilisent très rarement de nos jours), l’on pouvait encore acheter du riz. On regrette cette époque durant laquelle on pouvait se permettre de jeter le « vetin’apango » (ou le reste du riz grillé auquel on ajoute de l’eau) aux ordures.
Au prix où se vend actuellement le riz, un tel geste s’apparenterait à un véritable sacrilège. Au pays du « mora mora », même la denrée alimentaire de base est devenue cher. Aujourd’hui, consommer du riz constitue un luxe pour une certaine couche de la population. Depuis un mois et demi, une flambée du prix du riz sur les marchés de la capitale a été constatée, notamment celui du riz local.
Les commerçants se passent la balle quant à l’origine de cette envolée des prix. Zaka, un détaillant opérant au pavillon d’Analakely, a indiqué que la hausse tourne autour de 100 à 300 ariary, en fonction de la variété de riz. Il a attribué la raison de cette augmentation des prix aux grossistes. Chez Albert, grossiste au marché d’Anosibe, le sac de 50 kg de « makalioka », variété de riz malgache bien connue, s’achète actuellement à un peu moins de 120 000 ariary alors qu’il y a un mois de cela, il avoisinait les 96 000 ariary, soit une augmentation de 20% en quelques semaines. Il a avancé une hausse conjoncturelle.
Les consommateurs sont dans l’expectative par rapport à cette hausse galopante des prix de cette denrée indispensable aux familles malgaches. Et on commence à se serrer la ceinture. A Analakely, une mère de famille a révélé qu’elle avait prévu de diminuer ses autres achats au profit de quelques kilos de riz.
Dans un pays comme le nôtre, le prix du riz peut être considéré comme un baromètre de la situation économique nationale. Il constitue par la même occasion un fort enjeu social et une priorité politique. Devant un tel constat, les autorités ont focalisé leurs efforts sur les stratégies visant à juguler ces hausses. Fixer le prix du kapoaka du riz à 25% de brisure à 550 ariary le kilo, dans l’espoir que cette baisse influencera le prix du riz local conformément à la loi de l’offre et de la demande, figure parmi les récentes dispositions prises par l’Etat. Mesures qui, pour le moment, ne font pas vraiment l’unanimité et ne portent pas tout à fait leurs fruits.

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