Point de vue : Le statut de l’opposition revient sur le tapis

Dans tout pays démocratique, l’opposition doit jouer un rôle prépondérant dans la vie d’une Nation. Non seulement elle permet de baliser tout risque d’autoritarisme en constituant un contre-pouvoir, mais elle incarne également la possibilité d’une alternance politique. De ce fait, certains pays ont conféré un véritable statut à l’opposition.
La proposition de loi sur le statut de l’opposition, adoptée à l’ordre du jour de l’actuelle session parlementaire est loin de faire l’unanimité à l’Assemblée nationale. Soumis par le député pro-régime Jean Brunelle Razafitsiandraofa, le texte, qui dans sa forme actuelle modifie la loi de 2011, ne propose plus qu’une opposition parlementaire et ne prévoit rien sur les autres mouvements d’opposants. En somme, il prévoit que le chef de l’opposition soit obligatoirement un député élu. Or, dans le texte de 2011, il est indiqué que le chef de l’opposition acquiert de droit le statut de député.
Les 16 députés de l’opposition y voient un coup bas politique orchestré par le régime, qui détient la majorité au niveau de la Chambre Basse, et qui vise à écarter le principal opposant Marc Ravalomanana de l’échiquier politique malgache en l’empêchant d’être le chef de l’opposition officiel à Madagascar. Au sein de la majorité présidentielle, on considère qu’il faut donner plus de place à une « opposition parlementaire ».
D’autres courants d’idées dénoncent un imbroglio constitutionnel destiné à brouiller les esprits et déplorent l’absence d’une consultation élargie. Le projet de loi ayant été uniquement soumis par les parlementaires proches du régime, constituerait ainsi une entrave à la démocratie.
La proposition de loi avait été transférée au Sénat depuis près de deux ans mais la Chambre Haute, dans sa dernière composition, avait rechigné à l’adopter. Quoiqu’il en soit, les parlementaires disposent largement de temps pour se pencher sur le dossier, en sachant qu’à terme, ils doivent essentiellement servir l’intérêt supérieur de la Nation et non leurs ambitions politiques personnelles car dans la vie politique comme dans la vie en général, la roue tourne.

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