Quand la patience est à bout
Le 13 mai est passé, presque sous silence. Cette date reste, cependant, historique. Car, depuis 1991, elle est synonyme de changement. De volonté populaire de changement et de renouveau. La déconfiture de ces années post coloniales a eu raison de la patience d’une population, composée de générations sacrifiées, comprises car lourdement endettées.
La place du 13 Mai fut, depuis quelques années, clôturée et non accessible au grand public. On l’a rebaptisée Place de la Paix pour les uns, Place de la Liberté pour les autres, mais cela ne peut pas effacer l’histoire de Madagascar. Il y eut 4 Républiques (pratiquement 6) si on tient compte des toilettages et autres révisions de fond. Cela signifie une chose : aucun régime existant n’a su ou pu garantir la stabilité dans tous ses aspects : institutionnelle, politique, sociale. Bien au contraire, une crise arrive, elle passe et elle couve une nouvelle crise.
La réconciliation nationale sera un processus long. On en convient, mais les analystes estiment que cela est dû principalement au mauvais choix des acteurs qui sont convoqués. Au bout du compte, on a les mêmes acteurs. Avec les mêmes problèmes. Les mêmes intérêts à défendre. Des résolutions ont été prises et signées à Ivato. Pourquoi faire maintenant ? Le grand bénéficiaire fut Marc Ravalomanana. Sur ce point, la Communauté internationale peut se targuer d’avoir marqué un point. Elle a tout fait pour ramener l’ex Chef d’Etat à Madagascar. Tout fait pour qu’il retrouve ses droits civiques.
Mais ce qui est vrai pour Ravalomanana devrait l’être aussi pour les autres hommes politiques, victimes de la crise et de la spoliation. La réconciliation devrait inclure une réunion de toutes les victimes des crises 1971, 1991, 2002 et 2009. Et le processus de Vérité devrait être déclenché dans les meilleurs délais pour enlever les racines mortes ancrées dans les consciences collectives.
Qui sont les vrais responsables du Samedi noir en 2009 ? Qui sont les manipulateurs de foule durant ces crises ? Vivement la vérité, la transparence et le pardon…
