Point de vue : Que faire de nos richesses ?

Que faire de nos richesses ?

« Vous êtes trop riches pour être pauvres ». La phrase est de Michaelle Jean, la Secrétaire Générale de l’Organisation Internationale de la Francophonie (OIF), lors de son dernier passage à Madagascar, il y a une semaine. Et elle est bien placée pour le dire.
Madagascar est effectivement riche, immensément riche, non seulement de ses ressources minières, mais également de sa faune et de sa flore, de ses attraits touristiques, de sa culture et de ses hommes. Malheureusement, elle ne sait que faire de cette richesse. Et le plus regrettable, elle n’en tire aucun profit.
Car ces richesses là, même si elles sont quantifiables, ne nous sont profitables que si avons les moyens de les exploiter. Et c’est là que le bât blesse. Nous pouvons crier sur tous les toits que nous avons de l’or, de l’argent, du nickel, du cobalt, de l’ilménite, du pétrole, du chrome, des makis, et j’en passe… mais de là à en tirer du bon, nous ne savons pas le faire. A côté, l’Île Maurice est en passe de devenir un petit dragon de l’Océan Indien grâce à son industrie textile et au tourisme. Nous, avec nos potentiels dix fois supérieurs à notre île voisine, sommes à la traîne et perdons notre temps à quémander ici et là des aides, des financements et des investissements étrangers.
C’est là où nous en sommes. Incapables de creuser un trou pour en extirper l’or, nous sommes condamnés à appeler les autres à nous emmener la bêche et la brouette et obligés de négocier avec eux pour diviser les bénéfices des richesses, de nos richesses. Et si au moins, nous savons négocier.
Que ce soit à Taolagnaro pour l’ilménite, à Ambatovy pour le nickel et le cobalt, à Ilakaka pour le saphir, jamais le Malgache ne s’est senti propriétaire de ces minerais et il ignore même que ces trésors là lui reviennent de droit. L’Etat a joué son rôle. Celui de le représenter (le Malgache) dans les négociations pour qu’il puisse jouir des avantages de ses ressources. Mais est-ce que l’Etat l’a bien fait ? Là est toute la question.
Aux yeux de nombreux malgaches, ils doivent être aussi riches que l’entreprise qui a décroché le marché. Ce qui est somme toute normale. Mais jusqu’à maintenant, la réalité est tout autre. D’Ambatovy à Taolagnaro, rien de bien concret n’est retombé dans nos escarcelles. Certes, QMM et le Groupe Ambatovy savent parfois se montrer généreux et se comportent comme de vraies entreprises citoyennes. Mais de nos richesses qu’elles exploitent et desquelles elles soutirent des profits, nous n’en gagnons que des miettes. Le Malgache veut que ce soit l’inverse. Et c’est envisageable.
Quand ce moment sera venu, quand les négociations se font sans arrière-pensée, sans ces calculs intéressés au détriment du peuple souverain, alors là, tout le monde comprendra où est son intérêt.  Il comprendra que les moyens lui manquent mais qu’il tire profit, au moins, de son bien.

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