Question d’ingérence
L’ingérence en politique internationale est l’implication volontaire d’un pays dans la gestion des affaires internes d’un autre pays souverain. Elle n’est jamais directe, et s’exprime dans des prises de décision souvent sujettes à discussion des autorités du pays supposé « faible ». Pour le cas de Madagascar, les 5 années de crise ont plongé l’économie du pays dans une situation cauchemardesque. Les parties en conflit ont cherché des solutions ou, pour certains, à s’accommoder de la situation pour différentes raisons. Pour sa part, la communauté internationale a voulu une sortie de crise équitable et acceptable pour tous, allant jusqu’à mettre une pression discrète sur certaines mouvances. C’est cette pression que les uns appellent de l’ingérence.
Les politiques sont unanimes à vouloir sortir le pays de cette impasse. Mais les démarches diffèrent d’une mouvance à l’autre. Un palier décisif a été franchi après les élections de 2013 puisque le pays revient doucement dans l’ordre constitutionnel. Seulement, deux mois après son investiture, le nouveau président n’a pas encore pu nommer son Premier ministre et ses détracteurs dénoncent, là encore, l’immixtion des puissances étrangères, lesquelles ne veulent pas voir certaines personnalités de la Transition à la tête du gouvernement ou parmi les ministres. Ces mêmes détracteurs qui clament haut et fort que ces nominations font partie intégrante de la souveraineté nationale. Mais quelle souveraineté ?
Si la Nation a pu survivre ces dernières années, même sans l’aide internationale, c’est qu’elle avait encore quelques réserves qui lui ont permis de parer au plus pressé. Mais la faillite générale était déjà à notre porte. La preuve, notre monnaie, l’Ariary, est au plus mal, tous les voyants économiques étaient au rouge et le défaut de paiement imminent. Nous avons beau crier que Madagascar recèle d’innombrables richesses, mais avons-nous seulement les moyens de les exploiter ? Bemolanga comme Tsimiroro étaient là depuis des siècles, mais nos ingénieurs comme nos savants n’avaient que leurs connaissances théoriques en la matière et ne disposaient pas du nerf de la guerre : l’argent. Ce n’est pas avec nos malheureux ariary que nous pourrons acheter des excavateurs ou ériger des plateformes pour l’exploitation.
Comment alors empêcher les « autres » de rester dehors, de regarder en simples spectateurs la façon dont nous traitons nos problèmes, alors qu’ils savent que la situation est dramatique et qu’ils risquent, eux aussi leur perte si nous allons à la dérive ? Les sensés savent que nous ne pouvons pas vivre en autarcie et que nous avons besoin, de gré ou de force, de la communauté internationale. Il est donc tout à fait normal que cette dernière impose ses conditions. C’est à la diplomatie et au bon sens de chacun de délimiter jusqu’où chaque partie peut aller et jusqu’à quel point pouvons nous faire valoir notre souveraineté. A chacun de bien assurer ses arrières et de se fixer des objectifs sans se compromettre.
