Point de vue : Silence, taisez-vous

Silence, taisez-vous

Nous avons emprunté le titre d’une chanson de Sareraka pour ce point de vue. Elle a été composée vers les années 80 par cet artiste devenu politicien, au moment où la censure et autres privations de parole étaient légion. En gros, elle voulait dire « taisez-vous et laissez nous faire », le « nous » se rapportant évidemment aux princes qui nous gouvernent.
Marc Ravalomanana, une fois de plus, a été empêché de prendre la parole à Ambositra alors qu’il assistait à la clôture de la semaine de l’Ecole du dimanche de l’Eglise de Jésus Christ à Madagascar dont il est le vice-président en exercice. Ces derniers temps, le régime a lâché son étreinte pour permettre à l’ancien président de s’adresser à ses partisans ou à ses coreligionnaires. Connu pour sa franchise, Marc Ravalomanana s’est toutefois gardé d’égratigner le régime, laissant même l’opinion penser qu’il est main dans la main avec l’actuel président de la République. Ceci, jusqu’à dimanche dernier où il a déclaré que son parti allait faire cavalier seul aux prochaines élections et exclut toute alliance avec le parti présidentiel. Serait-ce la cause de la rupture du contrat tacite entre l’ex président et le régime actuel ?
Dans tous les cas, il était sous la menace d’une autre arrestation à Ambositra. Parce que l’ancien éxilé serait en train de prendre de l’envergure et se reconstruit petit à petit alors qu’il est « théoriquement » en résidence survéillée dans son domicile à Faravohitra. Il commence à redorer son blason et devient une menace pour le régime. Alors, le mieux est qu’il se taise. Il n’est pas comme les Alain Ramaroson, qui, il y a quelques jours, a failli tomber en disgrâce après son arrestation, et auquel on permet de critiquer comme il veut et quand il veut le régime. L’ancien président de la commission « Défense et sécurité » du Conseil Supérieur de la Transition n’a peut-être pas l’aura et le charisme du patron de l’empire Tiko.
En tout état de cause, le régimeactuel pêche par son incohérence et sa non-maîtrise de la communication. Jusqu’à maintenant, l’on ignore tout du statut réel de Marc Ravalomanana. Il est en résidence survéillée et pourtant, on lui accorde une semi-liberté qu’il utilise d’ailleurs à bon escient. Il reçoit des ambassadeurs, de hautes personnalités, on le laisse discuter avec les membres de son parti… Bref, il fait encore partie des « grands » de ce pays. Et le régime voudrait peut-être mettre un terme… à cet état.

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