Un chantage de plus
Les députés exercent un chantage, en ce moment. Ils demandent à l’Exécutif d’abandonner l’idée d’une urne par commune dans le cadre des élections sénatoriales qui sont réservées aux grands électeurs : maires et conseillers municipaux.
Il a de quoi se poser des questions. Oui, pourquoi dépenser de l’argent en urnes pour une aussi simple élection qui ne mobilise que des grands électeurs ? Pour des raisons de commodités ? Pourquoi pas ? Pour des raisons pratiques ? On ne voit pas tellement la nécessité de se mobiliser de la sorte, selon plusieurs partis engagés dans ce scrutin. Pour eux, c’est une manière détournée pour faire pression sur les maires dans leur choix. Beaucoup d’encre a coulé à ce sujet, du reste.
Mais l’autre grande question est l’organisation de ce scrutin en pleine saison de pluies. Ce n’est pas conforme à la Constitution, mais la HCC a donné son feu vert pour un cas de force majeure. C’est un précédent qui fera jurisprudence pour la suite des événements. D’autant plus qu’il a fallu élire des conseillers régionaux et provinciaux car eux aussi font partie du collège électoral pour les sénatoriales. Et les sénateurs qui seront élus risquent de ne pas être à 100% représentatifs.
Dernier point à polémique : la liste électorale. Car il y a des maires et des conseillers défaillants ou remplacés. Tout cela ne plaide pas en faveur de la CENI et du Gouvernement. Des organisations de la société civile tirent sur la sonnette d’alarme. Mais, apparemment, ces revendications resteront lettre morte. Et même si les députés iront jusqu’à ne pas voter la Loi de Finances 2016 en guise de représailles, après tout, le Gouvernement peut le faire passer par voie d’ordonnance prise par le Président de la République. Mais, on doute fort d’en arriver à cette extrémité.
On ne connait pas le vrai rapport de forces à l’Assemblée Nationale. Mais il existe un groupe de députés pro régime, un autre qui est foncièrement contre le régime et le reste, c’est-à-dire, la majorité navigue au gré de leurs intérêts.
Cela dit, le débat à l’Assemblée devrait être un vrai débat d’idées. Si les députés boycottent le vote d’une Loi de Finances, ils peuvent le faire mais en ancrant leur arguments sur cette Loi et non sur autre chose. Lorsqu’on confond le genre et le nombre, on conjuguera forcément le débat au mode imparfait. Il n’y aura point d’accord avec entre le verbe et le sujet. Entre l’Exécutif et le Législatif. L’instabilité, vous connaissez ?
