Point de vue : Un homme, un mythe

 Un homme, un mythe

Il s’est construit voici maintenant presque une trentaine d’années. Homme d’affaires avisé, il dispose d’une compagnie de transports, d’un établissement hospitalier, d’un complexe hôtelier et d’autres sociétés tout aussi florissantes. Proche du président de la Transition, il est dans tous les coups puisqu’il a été admis dans la cour du Roi. Multimilliardaire, notre homme peut figurer dans la liste des africains les plus riches, sauf qu’il agit plutôt dans l’ombre, dans un monde parallèle où ni le fisc ni l’administration financière n’ont accès, du moins jusqu’à ce jour.
Cité dans les trafics de bois de rose, il figure parmi les personnalités qui sont convoquées à Singapour et, hier, nous avons appris qu’une procédure judiciaire est ouverte à son encontre à Paris. Frappé d’une IST qui n’a pas encore été officiellement levée, notre homme voyage pourtant incognito, notamment entre Maurice et Madagascar.
L’homme en question est un modèle de réussite. Un self-made man que seuls les américains savent le faire. D’ailleurs, jusqu’à preuve du contraire, personne autant à Madagascar qu’ailleurs ne dispose de preuves tangibles qui lui vaudront d’être condamné. Cet homme là est ce qu’on appelle à Madagascar un « mahay milomano », un homme qui sait nager malgré la violence des vagues ou des flots. Un homme qui sait s’adapter à toutes les situations. D’ailleurs, il a passé 4 régimes successifs sans qu’aucun n’ait à lui reprocher quoi que ce soit.
Cet homme là, dans d’autres circonstances, est ce qu’on appelle un mythe. Charismatique, visionnaire, touche à tout, il dégage une puissance intrinsèque digne d’un grand leader. Il n’appartient à aucun parti politique mais il vaut mieux l’avoir avec soi plutôt que contre soi. Et les hommes politiques, notamment les dirigeants malgaches, le savent très bien. Raison pour laquelle d’ailleurs il décroche avec facilité des contrats juteux qui font parfois des jaloux.
Ce genre d’homme, Madagascar en a besoin. Pourvu qu’il sache, au moins, accorder un minimum de dividendes au peuple. En homme avisé, il saura le faire, pourvu qu’on lui fasse confiance. Un « homme d’affaires » n’est pas toujours forcément… mauvais.

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