Pr Alain Tehindrazanarivelo : « Un vaccin de rappel s’avère nécessaire »

Membre de l’Académie nationale de médecine, le Pr Alain Tehindrazanarivelo donne son avis sur la situation à Madagascar et en Afrique dans le cadre de la lutte contre le Covid-19. Interview.

Ma-LAZA : Une réunion virtuelle du 14 au 16 décembre dernier avait réuni 16.000 soignants du continent africain pour dresser un état de l’évolution de la pandémie de Covid-19. En tant que membre du comité d’organisation de cette réunion du CDC de l’Union Africaine, que pouvez-vous nous dire sur cette réunion ?
Pr A. Tehindrazanarivelo: La conférence africaine sur la santé publique a permis de démontrer que les soignants africains sont disposés à prendre en main le destin du continent. Il a été constaté que les autorités publiques tout comme le personnel soignant, dont ceux de notre pays, ont déployé des moyens importants pour réduire le nombre de décès et de malades. Toutefois, les mesures de confinement nous ont amenés à négliger la prise en charge d’autres maladies. Les statistiques ont fait état de la recrudescence, entre autres, du sida et de la tuberculose… Dans le cadre de la mise en application des gestes barrières, les campagnes de sensibilisation devraient prendre en compte le niveau d’éducation, la situation socio-économique et la situation géographique pour parvenir à mieux cibler les populations.
Ma-LAZA : Le faible taux de vaccination sur le continent a-t-il interpellé les participants à cette réunion ?
Pr A. Tehindrazanarivelo : Nous avons pu constater que l’accès aux vaccins anti-Covid19 est encore faible sur le continent avec seulement un taux de 5,7% de vaccinés. Cette situation inquiète les scientifiques et les équipes soignantes du continent, puisqu’en cas d’une nouvelle vague, la population africaine et donc malgache risque de ne pas être protégée contre les formes graves et les décès liés au Covid-19.
Ma-LAZA : En ce qui concerne la couverture vaccinale à Madagascar, un rappel est-il nécessaire pour protéger la population ?
Pr A. Tehindrazanarivelo : Jusqu’ici l’Académie nationale de médecine n’a pas été consultée officiellement. Toutefois, les membres de l’académie conseillent un rappel afin de mieux protéger les personnes exposées et vulnérables. Les médecins, les forces de l’ordre, les fonctionnaires, les enseignants ainsi que les personnes vulnérables et présentant des maladies chroniques devraient bénéficier d’une nouvelle dose de rappel pour renforcer leur immunité.
Ma-LAZA : Quel vaccin devrait-on administrer pour ce rappel?
Pr A. Tehindrazanarivelo : Dans les pays où la couverture vaccinale est élevée, les scientifiques ont suggéré l’administration de doses de vaccin à « ARN-messager » tel que Pfizer ou de Moderna. D’ailleurs, afin d’éviter de les jeter lorsqu’elles seront périmées, les doses mises à la disposition du gouvernement devraient être utilisées maintenant aux fins de rappel. Faut-il rappeler que des médecins sont décédés récemment et des enseignants, exposés au virus, sont hospitalisés en ce moment ?
Ma-LAZA : Le variant Omicron sévit déjà dans de nombreux pays. Est-il si dangereux ?
Pr A. Tehindrazanarivelo : Le variant Omicron est beaucoup plus contagieux que le variant Delta. Jusqu’ici, les vaccins homologués parviennent à protéger les patients contre les formes sévères et les décès. Mais les recherches se poursuivent et nous en attendons les conclusions. Les statistiques, pour leur part, montrent que ce variant est moins sévère que les précédents.
Recueillis par Marc A.
Ce contenu a été publié dans Ma-LAZA. Vous pouvez le mettre en favoris avec ce permalien.

Les commentaires sont fermés.