Primature : Jules Etienne et Haja Resampa en compétition

Primature : Jules Etienne et Haja Resampa en compétition

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Le MAPAR a présenté son Premier ministre Haja Resampa.  La Plateforme de la Majorité Présidentielle (PMP)  a remis également  à la présidence une lettre avec, comme nom, Jules Etienne. « Les  députés ont jusqu’à mercredi soir (Ndlr : ce soir) pour remettre leurs propositions sous pli fermé à Ambohitsorohitra ». Ici, à la présidence, la consigne est claire : « toutes les propositions  venant des députés seront reçues »… mais sans que cela n’engage pas d’emblée le Président de la République. C’est tout dire…

Haja Resampa et Jules Etienne. Une autre formulation : Jules Etienne et Haja Resampa. Ils sont les premiers… premiers ministrables en compétition, officiellement. Le MAPAR revendique la majorité. La PMP réclame la majorité. Mais, dites-nous : quelle majorité ?  Allez,  on re-klaxonnera  la HCC.
Incursion dans le passé récent.  Bien avant l’investiture et suite à nos investigations, des discussions avaient eu lieu entre les deux chefs de file du MAPAR et du HVM. La présentation d’une liste de noms aurait été même évoquée et acceptée comme principe. Cet accord tacite aurait même été établi concernant le bureau permanent de l’Assemblée nationale : le perchoir au MAPAR et les vice-présidences aux autres formations qui ont soutenu Hery  Rajaonarimampianina.
Rebondissement.  Avec les méthodes qu’il  faut et des ambitions d’œuvrer pour le retour au pouvoir de  Rajoelina,  le MAPAR a tout raflé à l’Assemblée nationale. Au bout du compte, l’allié GPS (26 indépendants) a  perdu la boussole, désorienté.
Cette stratégie réussie du MAPAR  a eu un impact  sur le jeu des alliances. D’autant plus que, sans état d’âme, il s’est évertué à verrouiller la nomination du Premier ministre. Ne laissant aucune chance à l’éthique politique : celle de présenter son choix aux autres députés pour avoir la légitimité parlementaire et un consensus. L’article 54 de  la Constitution est la lettre, mais l’exercice lui-même,  au travers du prisme démocratique et républicain, en est l’esprit… Une subtilité qui vous échappe lorsque vous  devenez plus  un homme de pouvoir qu’un élu du peuple.

LA HCC DANS  TOUS SES ETATS

In fine, la HCC  a raison  de n’émettre qu’un simple avis  lorsque Dolin Rasolosoa l’avait saisie pour interpréter l’article 54 de la Constitution. «Un avis est un avis. Vous n’êtes pas tenus formellement  de  respecter un avis »,  devait souligner le syndicat du grand corps des fonctionnaires.  Quant à la HCC, elle est dans une situation on ne peut plus inconfortable. En principe, ses membres auraient dû être renouvelés en… 2010. En ce moment,  nous étions encore au plus fort de la crise. Avec une Haute Autorité de la Transition (HAT) qui  avait manœuvré tel un impitoyable rouleau compresseur. La mouvance Ravalomanana (opposition) en savait quelque chose.
Cette HCC  « version  transition »  devrait  se terminer justement avec la… Transition. La feuille de route l’avait même neutralisée  en créant  la Cour Electorale Spéciale (CES).  Cette Cour lui avait ravi le pouvoir de juge suprême électoral. La CES avait proclamé les résultats officiels.
Nous avons maintenant une HCC  « version  4ème République », toujours avec les mêmes membres. Ils sont neuf et, depuis ces der niers jours, seuls 6 hauts conseillers siègent et donnent des décisions et des avis.  Situation incongrue du reste, ce sont des chefs d’Institution démissionnaires (PCST et PM) qui ont saisi  la HCC.  (D’ailleurs, le débat est lancé sur la nécessité de renouveler les membres de cette institution devenue caduque  au lendemain de la cérémonie d’investiture du nouveau Président de la République qu’elle a dû officier).
Résultat  de cet embrouillamini : nous tombons dans le juridisme débridé. Omer Beriziky, visiblement gêné par les jérémiades du MAPAR a fini par saisir, une seconde fois  en une semaine, cette HCC pour interpréter  les prérogatives du Président et celles du Premier ministre. Ce qui est déjà en soi étrange, vu que le Président de la République est déjà là. Il exerce son pouvoir. Alors que le Premier ministre n’est pas là. Il va venir, mais son existence dépend du coup de stylo du… Président de la République.

 D’UN PREMIER MINISTRABLE A L’AUTRE

Voici l’avis de la HCC en réponse à la question du Premier ministre sortant :
Article premier.- Les compétences déterminées par la Constitution du 11 décembre 2010 établissent une prééminence du Président de la République, revêtue de la légitimité démocratique issue du suffrage universel direct, sur le Premier ministre, créant ainsi un rapport de subordination du Premier ministre, Chef du Gouvernement au Président de la République, Chef de l’Etat.

Article 2.– Le Président de la République et le Premier ministre sont tenus d’œuvrer ensemble pour garantir une stabilité et une régularité du fonctionnement des pouvoirs publics pour la réalisation effective de la politique générale de l’Etat arrêtée en Conseil des Ministres.

Article 3.– Le présent avis sera publié au Journal officiel de la République.
La HCC reconnaît donc la prééminence du Président de la République sur le futur Premier ministre.  C’est la raison pour laquelle les députés qui soutiennent Hery Rajaonarimampianina lui  reconnaissent ce droit d’entériner ou de refuser.
A l’évidence, l’Assemblée nationale est divisée en deux camps rivaux sur la présentation du Premier ministre.  A chacun son poulain pour la Primature.  Haja Resampa et Jules Etienne sont les premiers annoncés. L’un est lié à Andry Rajoelina qui avait tancé publiquement le chef de l’Etat, l’autre fut candidat aux élections présidentielles. Mais il  a été débouté par la CES  pour une et diverses raisons.  Y a t-il d’autres prétendants dans la salle ? Le dernier mot ou le pouvoir discrétionnaire de nommer le Premier ministre appartient au Président de la République. Et pour ça, on n’a pas besoin de demander l’avis de la HCC. Eh bien oui,  quand même…

 E.A

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