Prison de Farafangana : Répression disproportionnée, selon la CNIDH

La Commission Nationale Indépendante des Droits de l’Homme (CNIDH) présidée par Mireille Rabenoro, ne mâche pas ses mots. Dans un communiqué publié hier sur l’affaire d’évasion de détenus de Faragangana, la CNIDH précise que « les responsables qui ont donné l’ordre ou l’autorisation aux éléments de l’OMC d’arrêter à tout prix les fugitifs évadés de la prison endossent une lourde responsabilité dans ce massacre ».
La CNIDH relate « tantôt d’une violation de façon inhumaine du droit à la vie, tantôt d’une riposte allant au-delà de l’usage disproportionné de la force[…] La notion de légitime défense évoquée dans l’article 8 de la Constitution fait l’objet de réserve ».
« Une commission d’enquête associant des parlementaires et des éléments compétents de la société civile, dont les responsables religieux doit être mise en place pour déterminer les responsabilités et proposer des solutions » avance la Commission. A court terme, il s’agit de l’identification et la sanction immédiate des responsables du désespoir qui a conduit les détenus à la mutinerie, sachant pertinemment qu’elle était vouée à l’échec, tel qu’il est précisé dans le communiqué. «D’après les premières informations recueillies, il s’agirait de responsables auprès de la maison centrale de Farafangana qui soutirent des sommes importantes aux familles des détenus en faisant miroiter la liberté provisoire pour leur proche incarcéré, alors que celle-ci ne sera jamais effective », révèle le CNIDH.
La surpopulation carcérale étant source de tous les maux dans les prisons du pays, la réduction de la population carcérale est suggérée comme solution à moyen terme. «Cela pourrait se faire par l’adoption d’une politique volontariste de rééquilibrage du ration condamnés/prévenus ». Ladite réduction de la population carcérale permettrait par ailleurs de mieux se conformer aux dispositions de la Constitution selon laquelle « la détention préventive est une exception » (article 13).
Pour la CNIDH, il importe de renforcer le personnel de l’administration pénitentiaire, notamment celui des éducateurs spécialisés pour favoriser la réinsertion sociale. Elle attire également l’attention sur la nécessité d’une meilleure appropriation des techniques de maitrise de détenus sans recourir aux armes létales. Il en est de même de la dotation aux gardes pénitentiaires des équipements nécessaires pour tenir en respect les dangereux détenus.
Enfin mais non des moindres, « trouver une solution pour palier au problème de vétusté des infrastructures dans les lieux de privation de liberté est indispensable », conclut la CNIDH.

Recueillis par C.R

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